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Victor

Dunkerque Follies

July 29, 2010 - Victor

Arrivee a la inglorious gare de Bombay sans syndrome

C’est reparti pour un message sans brouillon; c’est que je commence a apprecier particulierement cette facon-la de faire. Et puis, comme je n’avais note que tres peu de choses sur la ville au moment ou j’y etais, c’est vraiment tres difficile de faire un texte correct apres coup. Il va falloir essayer maintenant, en direct !

Alors ! Bombay, je le decrirai comme deux ambiances, ce qui colle de toutes facons assez bien a la ville. D’abord, parce que c’est la derniere ville du voyage exclusivement avec Simon apres plus de trois mois d’un tres beau voyage. Le voila parti a Delhi pour finir les errances en Inde avec un nouveau larron, Vincent, quant a moi j’ai pris comme vous savez la route de Calcutta apres deux derniers jours en compagnie de Clemence a Mumbai.

Vue sur la ville en temps de mousson...

Difficile de resumer cette ville ou nous avons ete brusquement plonges dans la realite citadine de l’Inde du Nord apres les petites campagnes du Sud; cette ville qui a elle seule represente 40% du PIB de l’Inde auquel seule la moitie de sa population participe… Le reste forme la masse presque indenombrable des slummers, ou slumdogs si vous vous rappellez le film (qui se deroule en partie a Dharavi, le plus gros bidonville d’Asie… a Bombay)

Taxis omnipresents et klaxonnants, rues bondees, plusieurs centre-villes qui se battent pour la place… Mumbai est construite sur un archipel de 7 iles aujourd’hui reliees par tant de beton qu’on a du mal a croire que les rues principales et les immeubles qui les bordent auraient du se trouver en pleine mer. La ville degage un sentiment de puissance, un potentiel enorme dont les constructions megalomanes de l’apres-Independance attestent majestueusement. Le gouvernement municipal avait alors donne les pleins pouvoirs a une armee d’architectes pour damer le pion aux edifices coloniaux et construire autant d’orgueilleux batiments de style hindou ou musulman que possible. Et le resultat est la: c’est sacrement bien reussi.

La gare...

Ville de pluie aussi, il pleuvra durant notre sejour autant que dans tous ces derniers mois reunis; mes deux premiers jours avec Clemence seront noyes sous des trombes d’eau invraisemblables. Et dans ces moments-la, les petites rues du centre, qui tournent dans des marches couverts ou non, bondees de charrettes a bras, de taxis, de motos et surtout de milliers de passants se nappent d’une boue saumatre qui eclabousse nos pantalons jusqu’a mi-cuisse.

Scene recurrente: la douche dans la rue, a meme le sol

Nous habitons avec Simon dans un petit quartier musulman qui ne dort jamais. Que nous rentrions a deux heures du matin n’a pas d’importance: tous les restaurants sont encore ouverts, les femmes en burqa -il faut avoir ressenti la facon dont elles vous regardent, de ces yeux penetrants et maquilles a la perfection, seule partie visible et donc redoublant de coquetterie- promenent leurs enfants de ruelle en ruelle puis disparaissent dans un immeuble. Il est difficile de croire au nombre de personnes qui dorment la dans des conditions que nous pourrions qualifier de « camping extreme »: replies sur leurs etalages de fruits, sur le capot de leur taxi, les jambes en l’air sur un chariot, ou tout simplement sous une bache a meme le sol. On comprend notre chance de dormir a l’hotel, fut-ce a l’eau froide et haute dose de cafards: le luxe n’est meme pas comparable.

Les quais sont un peu sales.

Le luxe est encore plus incomparable lorsque l’on observe la tranche eduquee et riche de la population: jeunes filles court vetues (sacrilege!) , fumant (sacrilege encore) a la terrasse d’un Starbucks local -le cafe vaut presque quatre repas a lui seul. Stars de la TV qui se pavanent a la sortie d’un 4×4 richement decore et prennent le frais au bord des plages huppees avant de rentrer dans un de ces bars tendance, a l’occidentale, avec decoration et musique; reglent des notes qui feraient manger dans la rue n’importe qui pour une bonne semaine et ecrasent leurs megots a la sortie, en face du bidonville miniature qui abrite surement les serveurs des restaurants du quartier.

Vue depuis la fenetre de notre hotel

Les inegalites sautent aux yeux, et pourtant toute cette nouvelle classe moyenne et aisee ne gagne l’equivalent que d’un salaire occidental tres moyen; seulement, les prix locaux leur permettent presque n’importe quoi. Palaces invraisemblables, appartements de reve au kitsch saisissant tels qu’on peut les voir dans les massala movies (la production de films purement hindi de Bollywood); les stars du show-business montrent l’exemple. Ainsi Shah Ruh Khan, dieu vivant de Bollywood, acquiert une des maisons les plus anciennes et cheres de la ville, en bord de mer, puis se trouvant a l’etroit, construit immediatement un immeuble de 8 etages dans le jardin arriere.

Au cinema avec Clemence (Bollywood en hindi integral)

Deux poids deux mesures… Et on le comprend assez bien. Avec Simon, nous sommes rentres dans un cinema, voir le dernier Disney. Plonges dans une ambiance climatisee, pour ne pas dire frigorifique, durant deux heures; a observer ce film dont toutes les scenes, les acteurs, les references nous baignent dans un monde connu, occidental, Nicolas Cage dans New York, Fantasia et Mickey Mouse, bref: lorsqu’il s’agit de sortir de la salle, de sentir immediatement les quarante degres exterieurs, accueillis par le vacarme des klaxons, on n’a pas vraiment envie de rentrer tout de suite et dans la boue a notre petit quartier. C’est ainsi que ceux qui peuvent se le permettre oublient le climat et passent sans cesse de bar tendance a cinema, de voiture climatisee a appartement de standing, et ne se permettent plus les joies d’etre ecrase contre les parois du metro, du bus, de la suee permanente dans les echoppes a the de bord de rue.

Course dans la rue

Et puisqu’il faut bien terminer… deux experiences. C’est avec Simon, par mauvais temps d’une grisaille triste, que j’attends le train de banlieue qui l’emmenera a l’embarquement pour Delhi, et moi chercher celle que j’attends depuis longtemps a l’aeroport. Une femme, magnamine et noueuse, bien que jeune, descend lentement les marches devant nous. Elle porte sur sa tete de grands sacs lourds remplis de planches anciennes et humides, un par un les depose au bas de l’escalier, sans un mot. Surement est-ce la les materiaux de son futur logement… Un homme, pauvrement vetu, en porte un autre sur son dos. Celui-ci lui designe un endroit. Opinant de la tete, les voila qui traversent les rails, se rendent a l’endroit en question sous un abri en face. Pose a terre, l’homme se traine, les jambes sans vie, surement atteintes de quelque maladie, avance dans les ordures qui font tas sous l’auvent, en rejoint d’autres jusque la invisibles et qui attendent la, au milieu des rats. Oui, cette  matinee etait bien triste.

C’est avec Clemence que je visite un marche: de superbes perroquets en cage, etalages de fruits partout. Nous tournons une allee, et nous voici devant un hangar sombre. Des mouches s’en echappent, des gens sont accroupis a l’interieur. Nous entrons. C’est le marche a viande, termine a cette heure-ci; seuls restent quelques etals, ou trone encore les  couteaux; un quartier de viande abandonne se fait devorer, arracher des lambeaux par de grands corbeaux. De quoi donner envie d’etre vegetarien. Sortons… Nos pieds trainent dans des mares sanguinolentes et crasseuses, des rats grouillent sur les linteaux des portes. Oui, tout cela est vraiment different de nos gentils morceaux de barbaque sous plastique qui poussent par magie (et au frais!) dans nos supermarches !

Le pet market

Vous etes arrives jusqu’ici ? Tres bien, je peux reprendre ma respiration. C’est alle vite, finalement ! J’espere que tout ceci vous donne un bon apercu de cette ville, qui meriterait bien d’y passer un mois pour mieux en parler; mais on peut en dire autant de beaucoup. Je ne sais pas trop quoi raconter d’autre, et j’ai l’impression d’avoir deja bien trop parle ! Les photos vous montreront un bout du reste. A bientot a Aurangabad, aux grottes d’Ellora, Mini-Taj Mahal et le reste…

La traditionnelle session photo bonus:

On vous l'avait dit c'est des pirates... Telephoner directement a la borne, bien joue !

Le marche aux luminaires kitsch

Passages d'un marche a l'autre

A bientot, poulet !

Visite aux grottes d'Elephanta: depart.


Le quai d'arrivee

Madame Parvati, femme de Shiva.

Les trois dieux principaux de l'hindouisme: de gauche a droite, Shiva, Vishnou, Bhrama.

Tempete sur le bateau au retour. Nombreux sont ceux qui rendent leur repas par-dessus bord.

Chowpatty beach, rendez-vous tres connu et populaire

De l'autre cote, non loin de Haji Ali Mosque et ses jus de fruits in-cro-yables.

L'etang de Machinganga... Sacre, donc bon pour les ablutions et les canards.

Un ours polaire

Un tout mignon tourniquet pour les gamins de notre quartier

McDo couleur locale, qui fait plus echope de plage defraichie sous une bache, mais avec des vrais Chicken Maharaja burger.

Wagon pour les femmes, les estropies et les malades du cancer.

Klaxonnez, SVP ! Mais joliment decore cette fois.

Avec Tapan, une architecte amie des parents de Simon, qui nous montre une grande partie de la ville


Cours d'architecture en flash

Maisons communautaires et jeu de cricket (qui a failli bousiller mon appareil)

On les cherche, ils sont la, c'est ecrit dessus.

En arrivant chez nous (la rue de notre hotel en version calme)

Pour le premier jour avec Clemence, on va dans un VRAI hotel

Et on profite d'un vrai bon petit dej.

Avant de reprendre le train, comme toujours (ces pieds ne nous appartiennent pas)