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Victor

Shiva Relax

July 12, 2010 - Victor

Deux jours. Deux derniers jours a Kyoto, c’est-a-dire assez pour se mettre a ecrire des Haikus. Ceux qui connaissent l’endroit me comprennent.

C’est apres un apero qui laisse nos comperes Nico et Florent bienheureux et copains comme cochon, lubrifiant social oblige, que nous partons au milieu de la nuit prendre l’avion pour l’Inde. Deux heures de marche a travers une ville endormie, suee sous les couleurs de l’aube avant le train express pour l’aeroport. Mais ce n’est la que le debut de l’aventure…

Premiers tests avec mon nouvel appareil...

Les derniers instants avant le depart, dans le petit appartement de Nico

Et Kyoto dort toujours.

Dans le train pour l'aeroport d'Osaka

Un moine Zen japonais, un peu perdu dans ses claquettes de bois, nous accompagne a travers les check-in/out successifs, explications musclees et longues heures d’attente qui constituent notre periple jusqu’a Bangalore, etat du Karnataka. sud de l’Inde.

Notre groupe de perdus

Vue depuis l'hotel de l'aeroport, belle ville qu'est Chengdu

Notre correspondance a Shanghai est annulee, et pour cause: un terrible ouragan sevit au-dehors. Nous voici donc a visiter Chengdu, centre de la Chine, et a profiter longuement de la superbe vue sur l’archipel d’iles souvent paradisiaques de Hong Kong a l’atterrissage.

On recupere une enieme fois les bagages...

L'aeroport de Hong Kong; 12 heures d'attente.

Enfin, nous arrivons a Bangalore. Tres vite, l’atmosphere change. Beaucoup de choses me rappellent le Senegal: la nuee de chauffeurs qui nous cueille des la sortie, l’application approximative et negociable des directives d’aeroport, les constructions basses et caduques, arrangees comme l’on peut avec de la tole ou des baches qui defilent par la fenetre du bus.

Gamins dans les rues de Bangalore (ancien appareil = flou)

Cependant, tout le monde est d’une gentillesse, d’un pacifisme extreme. Il parait que c’est le regime vegetarien. Un des passagers du bus nous emmene en voiture, apres de grands efforts, jusqu’a notre auberge. La encore, mon voisin de dortoir, curieux, discute avec moi durant presque toute la journee, m’apprend beaucoup de choses sur son pays, m’explique par exemple comment fonctionne la douche.

Toujours ces rues qui font penser a Saint-Louis ou Dakar, toujours pas de batterie pour la nouvelle camera.

Souvenirs d’Afrique encore… La douche, c’est un grand seau dans des toilettes a la turque, ou se trouve aussi l’eau qui sert de papier toilettes. Meme fonctionnement de main droite propre, de main gauche impure.

La douche-toilette !

Rien de palpitant a faire, ce jour-la. Le pays est en greve nationale pour protester contre l’augmentation des prix de l’essence. Meme les restaurants garderont porte close jusqu’a 18 heures; autant dire que c’est le bonheur lorsque je deniche une paire de mangues !

Sur mon chemin, c’est un bonheur de scenes depaysantes. Des temples crachent et ravalent leur lot de moustachus, torses nus -et bien gras- a cordelette pour les brahmanes (la caste superieure des pretres) et de saris multicolores. Les murs sont couverts de reclames publicitaires et de scenes mythologiques peintes a meme le beton. Des echoppes laissent s’echapper des odeurs d’epice et les cris des marchands, tandis que dans la rue en contrebas se disputent d’apres parties de cricket improvisees que la police ne peut que laisser faire.

On se perd dans cette ville ou les rues ne suivent que leur logique propre, ne repondent a aucun nom et semblent s’incurver toujours suffisamment pour que l’on en oublie totalement la bonne direction.

Un rickshaw, vehicule qu'on apprendra a connaitre, meme a conduire !

Mon nouveau bebe, achete au rabais au Japon, souffre d’un manque evident d’energie; mais impossible ce jour-la de trouver un chargeur, oublie au Japon dans la precipitation de l’apero du depart.  Je le trouverai en revanche le lendemain, a Mysore. On prend pour la premiere fois le train indien pour s’y rendre: c’est une experience !

Le train s’ebranle une fois que toutes les places sont prises, c’est-a-dire que chaque banquette accueille le double de sa capacite et que les pieds des gamins -ou grand-meres- juches sur le porte bagages au-dessus nous chatouillent les cheveux. J’ai autour de moi un groupe de femmes en sari qui ne cessent d’acheter les beignets et petits fruits au chutney que les vendeurs ambulants proposent, et en offrent au vieil ascete squelettique d’en face, qui ne vit qu’humblement du bon coeur des gens.

Eh oui, faut arreter l'amniocentese pour liquider les bebes filles, maintenant ! Affiche sur le train.

C’est a Mysore que nous rencontrons Siddiq, un avise chauffeur de rickshaw. Comme nous le verrons si souvent, il montre patte blanche: petit livret de recommandations par d’anciens clients, imprimes d’e-mail, textos, tout est bon pour nous rassurer sur le fait qu’il n’est pas  un escroc. Et meme s’il nous balade ce jour-la de boutique en boutique, surement avec une bonne commission pour lui-meme a la cle, nous sommes contents.

Des fois, il pleut. On est malins aussi de venir durant la mousson !

Rouleuse d'encens floue. Ah, vivement que j'aie mon chargeur !

Il decoupe de minuscules details dans du bois et encastre le tout.

Cet homme-la est capable de rouler 2000 beedis par jour.

Dans de minuscules officines, releguees au fond de ruelles ou jamais nous n’aurions jamais mis les pieds, c’est un artisan qui fabrique a meme le sol quelques milliers de bee-dis par jour, a l’aide de ses feuilles d’arbre, de ciseaux antiques et d’un morceau de tissu pour le brin de fil. Plus loin, un maitre ayurvedique, grand-parents en arriere plan, mous explique la fabrication de ses huiles aromatiques et de l’encens a la pate de charbon; fait main egalement. Quelques milleirs de batonnets par jour encore. D’autres decoupent finement des incrustations de bois; enfin, un dernier tisse et vend de la soie.

Le lendemain, le meme Siddiq nous mene aux principaux spots touristiques -colline de Chamundi et son temple, palais du dernier maharajah de Mysore, absolument superbe-, me degote un chargeur d’appareil photo, me fait empaqueter les sept kilos superflus qui me rompent le dos et alourdissent mon sac depuis trop longtemps. Adieu, enfin ! Sac de couchage, veste polaire, bouquins perimes, etc…

Singes, vaches sacrees en liberte au bord d'un temple: pas de doute, on est en Inde.

Le palais des maharajas de Mysore

Envoyer un colis en Inde: suffit de mettre dans un carton, d'impermeabiliser avec des bouts de plastique, puis de coudre un sac en toile autour. Si possible dans une cave ou sous un escalier.

Depuis, nous sommes en repos, si je puis dire, a Hampi, apres une nuit en train couchettes ventile. Pour peut-etre la premiere fois, tout ici a une odeur de vacances.

Le train couchettes vient d'arriver.

Avec les ventilos si pres, on aura pas chaud.

De ce restaurant ou l’on deguste lentement des lassi a la mangue au bord d’une riviere, jusqu’a notre auberge, chambre ventilee et douche chaude, nous voila dans une bien reposante retraite, si ce n’est le soleil qui s’allie avec mon antipaludeen pour me cuire a point chaque jour ou l’on ne fait pas assez attention.

Vacances, et pour cause, car apres avoir ete un paradis pour hippies dans les annees 80, Hampi reste une destination hautement touristique, car edifiee sur les ruines de la capitale d’un des plus grands empires indiens: les Vijayanagar. Mais je ne vous embeterai pas plus avec des noms imprononcables.
Ruines de temples et de palais, dissemines dans une jungle de palmiers et de rochers comme tombes du ciel -c’est d’ailleurs la legende- composent ce que l’on pourrait appeller le comble du romantisme.

Et c’est juches sur un de ces rochers, a observer le paysage somptueux couvert du chapiteau gris d’un ciel de mousson, alors que nous essayons de nous habituer a simplement profiter de l’instant sans autre preoccupation, que nous songeons a notre future destination: la cote de Goa.

Arrivee a Hampi: le panneau indique le Mango Tree, notre quartier general. Un restaurant superbe au bord du fleuve, ou les lucioles vous accompagnent a la nuit tombee.

C'est touristique et tout confort, mais les gens vivent encore un peu a l'ancienne.

Surtout, la laisser tranquille.

La station de police, implantee dans des ruines. Ils ont fort a faire, vu les 26 fois ou l'on me propose de la marijuana en quelques jours...

Indiana Jones ou Tomb Raider, le decor ?

On devient forcement un peu mystiques a cet endroit.

Une drole de gravure...

Pff, ces paysages...

On ne resiste pas au plaisir de se faire prendre en photo par un vieux maitre de yoga. Ca c'est avant qu'il nous fasse la lecon.

Que diraient les empereurs Vijayanagar s'ils voyaient les moutons paitre au milieu des ruines de leur cite ?

Le bon et sage Ganesh, dieu a tete d'elephant, impose sa bienveillance.

Pas une journee sans qu'on aille se percher sur une des collines alentour.

Pas trop confiance en cette clinique.

Toujours plus de chemins, toujours plus de ruines a visiter...

Les restaurants sont invariablement New Age, histoire de seduire la cohorte de jeunes cool/chantiers de jeunesse/dreadlocks/voyage en Inde qui zonent dans le coin.

Voila.

Nature morte au scarabee

On a pas le choix, on discute avec les adultes pour un guide, ils nous envoient leurs gamins. De vrais petits chefs d'entreprise d'ailleurs...

Ils sont serieux la ?

Et voila. Comme a l'ile de Goree. Juste 25 fois plus cher pour les etrangers.

Des fois on traverse des trucs un poil bizarres. Le "pont".

Au temple d'Hanuman, le dieu singe.

L'entree du temple principal de Hampi, Virupaksha Temple. En activite, donc c'est un peu le cafe du coin.

On croule sous l'activite.

Un autre restau, musique dub et posters psychedeliques.

Je finis les brouillons de ce post, au Mango Tree...

Voila ! Comme d’habitude, le commentaire final: je suis desole d’avoir mis tant d’images, mais je suis encore en pleine appareil-photo-mania ! Ca devrait se tasser bientot. Merci pour la lecture, il reste surement des coquilles puisque je ne me suis pas beaucoup relu; j’espere cependant que ce court message vous a fait un peu voyager avec nous !