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Victor

Nihon… Hajimete ?

June 13, 2010 - Victor

Je me retourne. Dans la salle fumeurs du minuscule ferry pour Osaka, un pere de famille me repete sa question… « Premiere fois au Japon ? » Sourire.

Depuis ma couchette a rideaux, le centre de mon univers au cours des trente dernieres heures, j’avais deja prevu cette question. Une de celles que l’on vous pose systematiquement quand vous posez les pieds sur l’archipel. Se faire une opinion sur leur pays est complexe, depend de la facon dont on le visite et durant combien de temps; et quoi qu’il arrive, le Japon surprend. Ils le savent bien.

Il aime bien les Francais. Ca devient rare. Le capital de charme et de raffinement qu’a la France est de plus en plus mis a mal, semble-t-il, par des compatriotes souvent arrogants ou faisant preuve de peu d’ouverture. Je touche du bois, de ceux-la je croise rarement la route, mais parfois je me laisse a penser que c’est vrai.

L’autre soir, voila que le Francais qui passe ses soirees a s’enfiler des bieres au lobby de l’auberge de Shanghai, quinqua chauve en veste de cuir agressive, balance au personnel de l’auberge qu’il a « fait » les indonesiennes -very sexy, you know, nice little body- et qu’il compte bien « faire » les chinoises et les japonaises pendant son petit voyage. Instructif.

J’aime le sujet des Francais, ca me permet de passer tout de suite au veritable contenu, l’Exposition Universelle. Et son, comme qui dirait, inglorious pavillon Francais ! Allons-y.

La soiree s’entame lorsque nous passons les tourniquets de securite de l’Exposition. On penetre dans la station de cette nouvelle ligne de metro, creusee exclusivement pour l’occasion -ils font pas les choses a moitie, dites donc- pour parvenir au site lui-meme. Immense, comme prevu. On est en Chine apres tout; on commence a avoir l’habitude de la demesure ! Compte tenu de l’etat de nos pattes arriere, la soiree va etre rude. Je clopine, souvent sur la pointe des pieds comme un ballettiste, a cause de mes tendons qui ont declare forfait a Hangzhou. Adrian n’est pas rassure par son genou, qui lui crie ses reproches a chaque arret. Quant aux jambes de Simon, elles tirent la aussi la sonnette d’alarme.

Cahin-caha, on chemine entre les pavillons qui s’illuminent un a un. Mention speciale aux Pays-Bas, qui ont concocte une sorte de motel kitsch, grace une debauche d’ampoules qui souligne chaque corniche et chaque facade, surement pour etre fidele aux hallucnations lumineuses que leur designer a experimente dans un etat discutable a Amsterdam.

Heureusement, juste en face, le Royaume-Uni calme le jeu avec son herisson de verre, herisse a l’interieur comme a l’exterieur de tiges en plastique contenant chacune… une graine. Difficile de faire plus sobre; a la sortie, en guise d’explication, un court laius explique a quel point les graines, c’est tres important, parce que les graines, c’est la vie et… Ils sont fous, ces bretons !

Les fameuses graines

Et le pavillon UK, vu de l'exterieur.

Allons, directement a la France. Parler de deception ou de honte, difficile de choisir… De la queue interminable on a tout le temps de detailler les mines de souffrance des enfants, peints avec un noir degoulinant sur les panneaux de metal nu qui jalonnent l’entree. Ailleurs, un ecran nous divertit encore l’attente avec des pubs tres a propos pour des blockbusters hollywodiens, tandis qu’on nous glisse des tapis de souris Michelin dans les mains.

Inglorious French Pavilion

Du patio interieur tant vante je ne vois en fait qu’une cour de beton uniformement grise, ornee en son centre d’un bizarre trampoline a sonnettes; des haut-parleurs diffusent une selection de chansons francaises que les moins de vingt ans peuvent difficilement connaitre.

Une Citroen trone sous un cadre de verre. Plus loin, un autre ecran fait de la reclame pour une marque de bas-collants soi-disants faits main par des grand-meres qui s’y connaissent; on vend du champagne Moet et Chandon, les betons Lafarge partagent une aile avec Aldebaran, et tout ce que l’on apprend de la culture francaise se resume a la vue sur les cuisines d’un restaurant -hors de prix, evidemment, on est en France la !- des extraits de films a la Truffaut, et de calamiteuses images d’un Paris sous la grisaille, en noir et blanc, et si possible pour faire mieux ressortir le beton.

Oooh que c'est joyeux tout ca. La y en a que un quart.

La visite, au terme de couloirs glauques et oppressants, sur termine sur un opportun magasin de souvenirs, histoire de bien enraciner l’idee que, si les francais se fatiguent a construire un pavillon, ila plutot interet a etre rentable, et vite ! Ce n’est que mon avis sur le Pavillon, d’autres peuvent l’avoir trouve plus agreable, mais…

Mais nom de dieu, c’est l’Exposition Universelle ! Le but n’est pas de creer un truc boiteux et cheap, vitrine de pub pour quelques grosses boites: il s’agit de donner au monde une belle image de la France, l’envie de la visiter, et pourquoi ne pas presenter au passage ce dont on peut etre vraiment fiers ?

Le genie Michelin nous guide...

Le metro parisien, sa mixite sociale ahurissante ! Les hautes technologies aeronautiques de Toulouse ! Les centrales nucleaires, on est pas leader mondial pour rien ! Le CNRS et la recherche fondamentale, a force de leur taper dessus on oublie qu’on est surement le pays le pays qui leur offre tant de developpement ! Et puis, des couleurs, bon sang… Nice, la Bretagne, les menhirs et les dolmens, les Landes, la Provence, les chateaux de la Loire et ceux des cathares, Etretat, les cathedrales, les mysterieuses ruelles moyenageuses de Chartres, Strasbourg, Auxerre… Et de la jeunesse ! La foule qui se souleve aux concerts de Daft Punk, Justice, Vitalic, voire Joachim Garraud ou Guetta, bref, rappeller ceux qui ont invente et inspirent encore largement la musique electronique du monde entier ! Et est-ce vraiment trop demander que de montrer une, une seule vraie belle vue coloree de Paris, de nuit par exemple, lorsque les monuments sont si magnifiquement illumines ?

Je m’emporte, mais voila… QUI a pondu cet elixir passeiste, ennuyeux, terne et triste a se manger le canon d’un flingue…et que cela soit note par ailleurs, le SEUL pavillon que nous ayions visite a faire de la publicite -et en faire autant !

Meme la Coree du Nord, un simple hangar, rend mieux. De la fierte populaire, de la grosse propagande bien lourde d’accord, mais des spectacles ! De la vie, des pin’s souvenir, des drapeaux, des vues de la nature et de leurs animaux sauvages !

Apres l’Iran et sa harpe aux cordes en laser, nous voila dans le « tunnel a sensations » du pavillon espagnol. Pense comme une grotte, il est tapisse d’ecran qui font charger sur nous a grand fracas des chevaux andalous, courir derriere des boeufs dans les rues de Pampelune ou vivre la fievre d’un match de foot. Tandis qu’enfle la fierte nationale dans la poitrine d’Adrian, une danseuse execute pour nous quelques pas de flamenco, puis nous passons devant un gigante, immense bebe articule qui me rappelle les mannequins aux fallas de Valence.

Apres tout le temps passe avec nous, Adrian doit repartir pour Beijing. On ne le remerciera jamais assez, et maintenant on n’a plus grand chose d’aventureux a faire; quelques jours encore a Shanghai, voila tout. Mais l’occasion est belle de se descendre quelques bouteilles de vin chinois au gout de cerise devant la rangee d’orgueilleux gratte-ciels qui fait face au Bund, l’ancien quai de debarquement des trafiquants d’opium, ou nous sommes postes.

Notre dernier train nous fait rencontrer Raoul et carole a Suzhou. Retraites dynamiques de Saint-Raph, Raoul n’a de cesse de nous raconter leurs quatre voyages par an, ponctues de « N’est-ce pas Carole ? » a toute occasion. C’est vrai qu’elle ne parle pas beaucoup, Carole, durant notre visite des fameux jardins de la petite ville. Pour la description, je vous renvoie aux quelques photos, du texte serait indigeste; mais j’aurais bien aime avoir certains de ces jardins a la maison…

Bouh ! (non, j'ai pas plus malin comme commentaire)

Finissons-en sur Shanghai avec quelques anecdotes ! Dans la rue, des vendeurs vous y assaillent. Ils proposent otous des montres, des sacs ou des iPhones et deguerpissent aussitot que la police vient a passer.Les plus hardis proposent des ladies et devant nos refus, finissent par demander ce que l’on veut. A se demander s’ils peuvent nous fournir vraiment n’importe quoi… On n’a pas teste. On se contente d’acheter des babioles avec nos derniers yuans, pour s’offrir enfin tous ces trucs stupides mais si chers qu’on n’ose jamais craquer… motus sur mes achats !

Allez, c’est open photos maintenant…

Bravo pour la glace dans la glace !

… ca va mieux en le disant, par ici…

Ce qu’on appelle le chinglish, c’est ca.
Tout autour du jardin, un temple de la consommation au sens propre.
Si on fait plus d’une heure de queue, on peut y manger leurs baozu… Ils parait qu’ils sont bons !
Evidemment, dans toute la ville on met le paquet !

On passe les tourniquets juste apres la fouille
Benevoles au pas
Tout le monde vient voir l’expo.
Eeeeh ouais :)
Le meilleur tampon de mon carnet !
Et moi, j’ai vu la Coree du Nord !
Le Pavillon Chinois, a peu pres quarante fois plus gros que les autres…
Une ambiance bizarre regne sur ce parc.
La danseuse de flamenco du pavillon espagnol
Et son bebe geant
Ma derniere image de l’expo, un peu bleue… mon appareil fait vraiment pas grand chose la nuit !
Jeu de perspectives au jardin Yu
… un endroit superbe au coeur de Shanghai.
Et, cachees un peu partout… :)
Suzhou, c’est des jolis canaux…
On peut choisir son guide a la tete, la plus mignonne si possible
Lui par exemple il s’est fait plaisir. Sisi, c’est une guide.
On se dirige vers les pluuuus grands immeubles.
On est bien, au bar panoramique du Hyatt le plus haut du monde, avec notre bouteille de rouge. Ouais, je me la pete un peu…
Et ca, c’est l’hotel Hyatt proprement dit, vu de l’interieur. Du 87eme au 54eme etage seulement.
En alalnt au musee de Shanghai, le marche aux bons partis et des grand-meres qui viennent y chiner leurs gendres.
En -1000 les Chinois connaissaient deja les ovnis, la preuve cette cruche a vin ?!
Mais aussi les costumes saumon (celui la c’est du cuir de saumon veritable !)
voire meme Zizou ! punaise elles sont nazes mes vannes

Alors eux, ils ont vraiment trop adore les helicopteres.

Le bateau arrivera demain matin. De nuit sur le bateau, en eaux japonaises, plus personne de l’equipage n’est la pour empecher les espaces communs de redevenir fumeurs, et les japonais s’en donnent a coeur joie. Je fais rechauffer ma derniere soupe de nouilles au poulet et echange quelques bonnes histoires avec les autres voyageurs qui veillent encore. Deja, tout ou presque me rappelle le Japon ici. Demain, je serai en terrain connu.

Notre ferry... Au revoir Shanghai et la Chine !

Mon univers. J'avais besoin de repos, ca tombe bien !

On danse sur le bateau en s'approchant du Japon. Pourtant. le spectacle la... :)

Comme une grande porte, le pont entre Honshu et Kyushu. On s'apprete a passer dessous...