Dans un coin pourri, du pauvre Paris…
June 07, 2010 - Victor
« Quoi ? Tu vas visiter THE Huang Shan ? La chance la classe, le ouf… Ca dechire quoi ! » Voila a peu pres pour la reaction de mon pere a l’annonce de ma visite a la montagne dite Huang Shan. Quant a ma doulce maman, sans avoir vraiment sa reponse, je me l’imagine telle que la votre, c’est-a-dire un timide « Wangchan ? Connais pas… Ca se mange ? » Enfin, un proverbe chinois dit : « Il faut visiter les 5 montagnes sacrees de Chine; mais voir Huang Shan dispense d’en voir aucune autre. » J’imagine que toutes ces histoires ne vous aident pas beaucoup.

Ce type lit bien fort un discours de Mao dans le train et distribue des goodies communistes... Vu les pieds des gens, l'ideologie est en chute libre.
Eh bien Huang Shan, c’est une montagne en effet, ni bouddhique ni taoiste cette fois, situee pas si loin de Shanghai, et… elle est belle, tout simplement.
Mais alors, belle ! Une beaute naturelle a la Yves Rocher, sans avoir a se tartiner de l’Oreal, une nature brute et magnifique bonne a tourner des Jurassic Park ou des pubs Ushuaia. Comme quoi, pour l’imaginsation, de nos jours, rien de mieux qu’une bonne tele.
Des escaliers et des passages, parfois des ponts ont ete tailles a meme la pierre, renforces de beton par des macons completement nevroses; l’ensemble forme un labyrinthe ou l’on se perd sur les pics et les cretes, quant ce n’est pas a mi-falaise, de la montagne.
Les nuages ne sont pas mieux lotis et ont bien du mal a sortir des canyons et cirques formes par cet improbable tas de granit. L’anomalie genealogique que forme Huang Shan est telle que des brumes egarees cherchent en permanence un passage entre les malicieuses falaises et c’est justement leur supplice leger, facon Dedale, qui nous emerveille. Parfois, on retient son souffle et l’on compatit au passage de l’une d’entre elles, venu-la, si pres si pres que l’on pourrait l’effleurer de la paume, dans une tentative d’echapper au piege dans lequel il s’est lui-meme forme.
Si durant la montee le soleil prend un malin plaisir a nous cuisiner les epaules facon tandoori, Huang Shan sera pour nous un univers de flotte. Les premieres gouttes s’abattent des les corniches les moins elevees; de la ce ne sera qu’un grand crescendo jusqu’a la tombee de la nuit, a quelques coupures pres -histoire de nous donner un peu d’espoir. Decides comme nous l’etions a passer la nuit dehors, le plan tombe litteralement a l’eau; mais ca n’entame pas notre plaisir a en courir les chemins, a s’arreter aussi souvent que possible pour se gaver les retines de falaise a couper le souffle, si grandes que plusieurs coups d’oeil sont necessaires pour les saisir.
Bref ! C’est apres avoir monte et redescendu la montagne, « trempes comme soupe » -cf. Demi-Lune le petit chinois dans Indiana Jones- que la nuit tombe. Traitresse. Et que le veritable orage eclate, aussi. Pas trop le choix… Il y a des lumieres, au loin: eh bien, vaille que vaille, il va falloir foncer.

Entre tradition et modernite: une fait serieusement son linge, l'autre prend ca pour une charmante attraction touristique
Ca se fait long cette description, meme si le decor en vaut la peine et qu’elle ne sera jamais parfaite, alors je passe vite sur notre course, les obscurs chemins de pierre mal jointes entre deux precipices rendus insondables par l’obscurite, les -nous semble-t-il- glissantes plateformes de roche, passages obliges ou le vent redouble d’efforts pour nous jeter de cote… Terrifiant.

Nul n'echappe a la magie des groupes. Les murs rougissent d'etre tant mitrailles, quand ils ne prennent pas la grosse tete...
On passe finalement la nuit dans un improbable hotel, mouilles comme seule l’eau peut l’etre, ou on ne dort que peu eu egard aux quatre chinois, forcement ronfleurs professionnels eu egard au bruit degage, que meme des kleenex entiers dans mes oreilles ne peuvent etouffer. Le lendemain, nous descendrons -sous la pluie- la montagne- et irons visiter Hongcun, un petit village aux ruelles tortueuses, longees par des canaux longuement vantes par les guides et qui se revelent de fait bien ridicules. Mais la visite est agreable et reposante, seules les specialites de cakes aux algues et viande perimee marqueront d’un point noir notre parcours culinaire en Chine. Je n’ai pas grand chose a dire finalement, mais quelques belles photos, donc je m’excuse par avance pour le deluge !

Faut croire que ce village est LA source d'inspiration des peintres qui en ont marre de dessiner Huang Shan
Il semble que desormais, l’eau ait pris le pouvoir. Aideu la terre seche et sableuse du loess, place aux rizieres ! Les villages sont entoures de lacs et de canaux, les habitations troglodytiques sont remplacees par des maisonnettes plantees au milieu d’etangs. On y voit cote a cote des buffles d’eau aux cornes retournees, des paysans piquant le riz et coiffes du fameux chapeau de paille chinois, a nettoyer leur linge dans les canaux, a battre le grain au fouet a meme la terre.
Notre derniere etape avant Shanghai sera une halte a Hangzhou, villegiature ultraluxe ou il semble que tous les couples les plus aises de la region viennent se faire prendre en photo pour avoir de beaux souvenirs de mariage. Collines a the, Maserati, parterres de fleurs, clubs de jazz et balades en barque sont a peu pres tout ce que la ville offre d’interessant autour de son lac central. Peut-etre que cette ville, uniquement pensee pour les couples, n’est pas faite pour nous dont la moitie se fait du souci a l’autre bout de la planete.

Sinon, des marques de luxe un peu partout... Et non, en Chine, c'est pas commun ! Alors trouver un restau pas cher ici...
Enfin, pour la question du titre de ce post, c’est une petite dedicace a l’ami Adrian, qui a rythme tout le voyage jusqu’a Shanghai avec son chinois, cette chanson de Brassens qui maintenant nous trotte salement dans la tete et ses expressions beaucoup trop stylees !

Encore un truc que j'ai oublie... Le MacDo chinois ! Que du poulet, mais des gros blancs bien cuits a la sauce au poivre... Miam miam. Quoique le spicy chicken des MacDo en chine...:)

Je vous laisse sur une image de la queue a l'exposition universelle de Shanghai !
Voila, c’est tout. Desole de ne pas avoir mis plus de texte, mais meme en me creusant un peu les meninges (ok, je n’ai pas beaucoup bosse ces derniers temps), difficile de trouver du texte vibrant sur Hongcun et Suzhou. Il y a bien plus a dire de Shanghai la belle, mais pour cela, il va falloir attendre que je sois au Japon les loulous… Depart en ferry demain pour Osaka (enfin, dans quelques heures vu l’heure de la nuit ou je finis cette ligne) et arrivee prevue le 10 Juin. En attendant, prenez la queue ci-dessus comme une metaphore de votre attente :) Et lisez le post de Simon, il a moins de retard que moi ! A