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Victor

Ts’Ao !

May 25, 2010 - Victor

Sur les toits de notre modeste hotel, certains sont moins bien lotis encore

Du gros lourd dans ce post, qui devrait vous demander pas mal de souffle puisque il va raconter tout a trac Xi’An, Huashan et Shaolin. Difficile de savoir la quantite exacte de paves de texte indigeste vous allez encore devoir vous farcir -ou pas- mais ca devrait etre consequent !

Moi, j'aime bien ce genre de boui-boui la !

C’est une fille qui se plaint a sa maman. « Maman, maman, tout le monde se fout de moi a l’ecole, ils disent que j’ai une grande bouche ! » « Mais non mais non… Allez, prends ta pelle et mange ta soupe. »

Eh oui ! Sur la route, on chante -on essaie- on discute et on se raconte des blagues. Merci a Clemence pour celle-la !

Le rickshaw de la Police, attention !

Bref, Xi’An ! Et ses fameux guerriers en terre cuite, appeles ici les Terracotta Warriors… Bonus de style, label de serie TV a la Ninja Turtle, ce que vous voulez, mais que du bon !

Xi’An, « Paix de l’Ouest », est une veritable metropole moderne, batie sur les ruines plus tres fumantes des six plus anciennes capitales de Chine. Aujourd’hui, c’est aussi une etape obligatoire du touriste moyen en Chine. Normal qu’on y aille, donc. Pourquoi ce tintouin ? On ne sait pas trop, finalement. En bon francais, mon lieu prefere y sera le plus calme, le plus cache ou disons, le moins monumental.

Une rue normale dans Xi'An

Encore un plan du bon vieux Routard, qui avec sa presentation a la French des petits tresors discrets, des minuscules restaurants ou la grand mere « cuit ses nouilles elle-meme », fut-ce devant une table crasseuse et a l’odeur de graillon, tant que son sourire reste « si authentique » ! On y a surtout gagne que les anglo-saxons en general et le tres terre a terre Lonely Planet en particulier se marrent un bon coup avec notre french touch qui frise un peu parfois, il faut bien l’avouer, le ridicule d’une pub pour la Mousline.

Ce lieu favori, c’est la Grande Mosquee de Xi’An. Au fin fond du quartier hui (ben oui), une ethnie musulmane chinoise -diablement commercante- il existe bien une mosquee, fondee une poignee d’annees seulement apres que Mahomet ait decide d’aller ecouter le Coran dans la grotte de Hira.

Comme quoi, c'est pas vraiment une petite ville.

Quelques tags bien sympa dans notre auberge !

C’est la que l’on peut se reposer de l’agitation frenetique du quartien musulman, se balader sous les arches d’inspiration islamo-bouddhique et humer la fragrance des plantes odorantes habilement disposees partout dans le jardin. Au dehors, c’est un deroulement fantasque de produits, etalages, surtout de nourriture, qui est propose au chaland.

Petite lecon discrete dans la grande mosquee...

Vendeurs de nourriture au quartier musulman

Tout a la suite, c’est dans notre pauvre gosier qui n-a rien-demande-et-ca-commence-a-bien-faire, du jus de pruneau, des nouilles froides sauce cacahuetes, de la terrine de pain et mouton a la vapeur  et une autre grande rasade de pruneau avant de decortiquer sauvagement une pleine assiette d’ecrevisses gorgees de sauce au la, le piment rouge. Les blagueurs, pour cette derniere etape, un seul gant par personne. Pas grave, c’est trop bon: plein les mains, la barbe en ce qui me concerne, on fait la fete aux crustaces.

Hmmm les bonnes ecrevisses !

Ils ont vraiment beaucoup de choses differentes et bizarres.

L’autre point positif, c’est notre auberge. Un havre de paix intra-muros, amenage dans les anciens baraquements de l’armee rouge -l’ancien palais imperial avant qu’ils ne le rasent !- qui devait surement  trouver l’endroit beaucoup moins cosy a l’epoque. Ah, delicieuses fins de journee ! Quant au reste…

Au 7eme siecle, voila a quoi ressemblait un touriste en Chine !

Ces empereurs... Se faire enterrer avec 20000 guerriers ET un canard ! ;)

C'est au musee que l'on voit de plus pres les fameux guerriers.

Grande Pagode de l’Oie Sauvage: decevant. Une pagode entierement renovee (construite en beton ?) dans un parc tout-juste-nickel-chrome-pour-les-touristes, avec une armee invraisemblable de vendeurs de souvenirs moches, uniformes et en plastique integral. Sans oublier l’exorbitant tarif de l’entree.

Les Terracotta Warriors… Un peu plus d’authenticite n’aurait pas ete un luxe. Le flot de touristes,t sans cesse renouvele par une procession interminable de bus et autres vehicules, s’aventure en masse epaisse dans la ville nouvelle ultraclean, qui ressemble a un assemblage simple comme LEGO de boutiques de souvenirs identiques, et debouche sur le stands de tickets magnetiques qui donne accesa aux fosses, aux « Pits ». Chaque « Pit », une fosse, certes…. Si l’on omet la gigantesque chape de beton et pylones en metal, a faire fretiller de legerete un terminal de Roissy.

Les Halles au temps du premier empereur

Le musee du coin, legerement kitsch

Et les gens. Partout.

Vraiment partout.

Seuls quelques chanceux peuvent voir les statues de vraiment pres...

C’est a cet endroit precis que l’on defend cherement sa place sur les rambardes, seul point de vue acceptable pour apercevoir en tordant le cou la frimousse en terre cuite des trop lointains guerriers, juste avant de se faire vider par une famille venue tout expres la pour prendre une rapide photo de groupe, doigts en V: « On y a ete ! »

Un sympathique temple annonce la montagne...

Depart pour Huashan ! Sous un soleil en chute libre lorsque nos plates semelles agrippent les premieres pentes. 5-6 heures de montee, selon l’avis general. Rien a faire, on a un defi: voir le soleil se coucher… de la-haut ! Avec notre geniale decision, nous voila a crapahuter comme des beaux diables sur les chemins de montagne, nous cramponner aux antiques chaines d’appui des echelles de pierre, sautant sur les marches superieures tant que nos mollets en peuvent encore.

Oooh la belle metaphore du tourisme en pays communiste !

La montagne, vue d'en bas.

Et ca grimpe...

Nom de dieu, voila le soleil rattrappe ! Il prend ses dernieres teintes orangees tandis que nous filons sur l’ »Echine du Dragon », des marches taillees a meme la crete d’une des plus vertigineuses lames de pierre que compte la montagne. Alors, extenues, dans le soleil maintenant presque tout a fait eteint, nous voyons vraiment la montagne.  Pas sacree pour rien. Posees comme par magie au milieu d’une plaine immense, les roches formidables ou de valeureux arbres s’agrippent a des falaises vertigineuses donnent l’impression qu’une pluie de dents gigantesques est venue se planter la. On y deguste a la nuit tombee des nouilles en boite, a se remplir les yeux de toute cette beaute avant de prendre nos jambes et notre courage a deux mains et de redescendre… Le telepherique a bien evidemment termine ses offices depuis longtemps.

Sur l'"Echine du Dragon" .. Wouah !

Presque au sommet, au coucher du soleil !

On ramasse: 3 bieres vides=1 centime, 5 bouteilles en plastique=1/10 de centime. La Chine a trouve un systeme de recyclage diablement efficace !

L’aubergiste de Shaolin ne nous aime pas. Et pour cause. Le taxi qui nous y depose, apres avoir vainement tente de nous vendre des places a un quelconque spectacle Shaolin « internationalement connu » dans le coin, eclate de rire lorsque nous annoncons notre prix maximum, quelle que soit la chambre dans l’hotel ou il est evidemment de meche.

Negociation avec le mauvais chauffeur... Mais ou est la fouinerie ?

Tant pis. On sort de la voiture, recupere nos sacs et l’on s’eloigne, jusqu’a ce que la tenanciere -un parfait exemple de megere impolie au possible a la chinoise- nous beugle enfin un prix correct. Elle voit bien que meme un lit de bois nous irait, tant qu’il est le moins cher. Mi-figue mi raisin, et surtout apres avoir constate l’etat de la chambre, i.e. la plus luxueuse que nous ayions jamais vue, nous acceptons. Et sa sympathie aura paye; elle n’aura pas un sou de plus: non, nous n’avons pas faim. Non, nous n’irons pas voir le faux spectacle de Shaolin. Et certainement pas de petit dejeuner.

Nos balades deviennent bien champetres parfois !

C’est lorsqu’on descend, fiers comme des paons d’avoir dejoue l’attrape-touristes si bien tendu, qu’on l’entend s’exclamer, par-devers nous, « Ts’Ao ! » (Cao) , c’est a dire a peu pres « Merde », ou « Fait chier », en chinois. Nous voila en condition pour visiter Shaolin.

Ca, c'est une tour d'entrainment a Shaolin, croyez-le ou pas !

Le soleil se couche et a deja disparu lorsque nous atteignons, a pied, le site du temple. Les barrieres sont levees. Au clair de lune, assis en tailleur dans la fameuse « foret de Stupas », on discerne les furtives silhouettes des moines qui s’entrainent la torse nu, jouent du baton, cognent dans les arbres. Ai-je besoin de decrire la magie de ce moment ?

La preuve au matin ?

La si fameuse foret de stupas... De nuit, avec mon mini appareil, ca donne juste du noir pur.

Il y a une sorte de tradition a suivre les steles...

QUI a autorise les mauvaises affiches sur un temple millenaire ???

L'entree de Shaolin, avec toutes les steles commemoratives de type du genre de Van Damme

Non, la, je crois qu'on va pas pouvoir entrer...

Plus tard, attires par des bruits sourds, nous passerons devant des classes entieres de gamins qui se donnent du poing, deux autres armes de lances barrent l’entree de la cour ou cela se deroule. Car Shaolin, outre ses traditionnels moines guerriers, ceux qui vouent leur vie au wushu ou kungfu, est aussi le plus grand centre d’arts martiaux de Chine; et chaque annee, des milliers de chinois s’y rendent pour suivre des semaines de formation.

Nous repartirons vite; le planning est serre jusqu’a Shanghai et notre train, dit bullet train pour Nankin nous attend demain en gare de Zhengzhou…

Negociation classique pour une chambre dans un hotel bien glauque cette fois. 2 lits pour trois. C'est la que les poules sont au plafond.

Une vue de la belle ville de Zhengzhou, demain... le train !