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Victor

Yo, negga :)

May 19, 2010 - Victor

A la cite interdite, un des lions de garde est vraiment imposant

On m’a souvent reproche de ne pas savoir raconter mes voyages. Et c’est aussi vrai pour le blog, qui perd souvent toute sa sensibilite (si, si !) et son sel pour laisser place a une suite de faits lourde et indigeste comme un Christmas Pudding. Alors difficile de trouver son style, surtout quand se pointe dans un cyber de la derniere chance, entrevoyant son pieu, pour quelques heures qui vont passer finalement trop vite pour se relire.

Du coup, je vais quand meme tenter de parler de Pekin/Beijing/BJ differemment; essayer de faire comme si je repondais, une fois, pour de vrai, a tous ces gens -souvent tres bien, et je le fais aussi !- qui au retour se posent devant moi coudes sur table et demandent franco: « Alors… le Japon ? … » …

Generalement je ne trouve a repondre qu’un maigre « Mouais, ben c’etait… Pas mal… »  et de la, j’attends une meilleure occasion pour placer mon petit « Ah, mais vous savez, au Senegal, d’ailleurs… » Remarque: l’inverse arrive aussi. C’est ainsi qu’un japonais tres serieux m’a un jour demande, bien content: « Alors… C’est bnien, le systeme social en Europe ? » ! Anecdote: les mongols sont plus terre a terre. « Ah, la France ? Bon. Il y a la guerre la bas ? L’hiver y est froid ? »  Fin des questions. Deux inquietudes tres naturelles finalement.

On peut d'ailleurs y croiser Jesus

Bref, tout ca pour vous parler de Pekin ! La premiere chose qui me vient a l’esprit est « grand ». Enfin, c’est inexact: la megalopole japonaise peut etre dite « grande », elle aussi. Mais la,   »gigantique » serait plus approprie. Le  moindre trajet a pied est une expedition; l’ecart entre deux stations, inconcevable; et les batiments… si larges, non pas hauts, que contourner les plus venerables -souvent ceux du Parti- demande une bonne demi-heure de trot.

Chiffres ! BJ, c’est 7 peripheriques; c’est des routes a seize voies au coeur de la ville, i.e. devant la place Tian’AnMen; c’est la superficie de la Belgique. C’est une heure de trajet environ, minimum, pour Adrian Gonzalez, notre hote, qui habite hors du quatrieme peripherique. Et pour nous aussi.

Scene de rue typique et populaire

La myriade de choses a voir est, du coup, assez variee. De la Cite Interdite aux parcs, de la Grande Muraille aux hutong, des marches aux lieux de nuit. Le Parti semble avoir decide que la ville conjugue tous les records de taille. Depuis une vingtaine d’annees et surtout depuis les J.O., BJ s’est agrandie, immensifiee, et la plupart des vieux quartiers rescapes y ont gagne suffisamment d’aseptise pour que l’on ne s’y trompe pas.

Presque tous les chinois jouent a ce jeu: le ... enfin le... vous voyez quoi !

Repetition de danses techno pour papis, le soir dans Pekin

Heureusement, il reste toujours un BJ authentique. Le charme des ruelles encore trop excentrees pour avoir ete reperees et demolies, les danses du soir organisees entre voisins sur toutes les petites places, les seniors qui tapent le carton, chantent et jouent de la musique dans tous les parcs publics -ils y ont l’acces gratuit- et les amateurs de tai’chi, a apercevoir aux heures matinales (parfois tres matinales, a BJ le soleil se leve vers 4h30) sur les rochers tao que l’on trouve un peu partout.

Entree de "notre" hutong

Un lavage de cheveux en regle !

Bon, je ne sais pas trop par quoi commencer. Tenez, en parlant du Pekin authentique: c’est juste derriere notre bel appartement, en dernier etage d’une tour il est vrai un peu excentree, que se trouve un hutong des plus typiques. Pour les quelques photos laides (impossible de selectionner les « bonnes » dans ce cyber !), voir au-dessus, et au-dessous !

Font vraiment n'importe quoi ces gamins

Un conteur de rue; plus on boit, plus le public est jeune !

Hmm... gros miam pour Gonzalez !

Oui, c’est aussi la que l’on peut se faire des brochettes de rue. Prenez n’importe quoi: boulettes de poisson, de poulet, de tofu, cartilages, peau, algues, champignons, salade, chou, saucisse… et faites-le mariner dans un bon bouillon aux 8 piments pendant pas mal d’heures, de preference la semaine durant. On obtiuent ces succulents snacks de rue ou l’on se pose quand la nuit est assez chaude pour gouter la sauce aux piments avec differentes consistances. Et parfois, une petite surprise pour regaler notre ami Gonzalez qui adore mastiquer les tetes des animaux. Canard laque et poisson y passent aussi. Et, habile transistion, le canard laque…

Un venerable restau de canard laque, reconnaissable a son toit en double pagode

Un canard pas encore laque

C’est dans un des meilleurs restaurants de cette recette que nous entrainent les amis Gonzalez et Adrien. A part nos habits, comme d’habitude un peu pouilleux, on n’a pas fait les choses a moitie. Et d’ailleurs, on a casse la bourse: on a mange pour presque onze euros chacun.

Alors… Connaissez-vous l’histoire du canard laque ? Bon, c’est simple et pekinois. On prend le canard, bien gras; on lui souffle sous la peau avec un tube special pour la decoller de la chair, et on le fait cuire… C’est ca en gros. En pratique, c’est surtout une merveille que cette peau graisseuse servie a part, trempee dans un peu de sucre, qui fond totalement comme un glacon chaud en bouche. Ensuite seulement on remplit de petites crepes fines avec la chair, quelques concombres, des oignons… et une sauce toute speciale faite du sang du canard.

Bon, maintenant que j’ai parle de cette pure merveille, je ne voudrais surtout pas oublier une petite dedicace speciale. Un coup de main. Un ami.

Aaah ce papi ! Je l’adore !

Cet homme est le reconfort; il est le gout, il est le sourire du matin. Pour nous, sortant chaque matin pour une autre journee a la decouverte de Pekin sans petit dejeuner, le regard s’eclaire lorsque nous voyons son pousse-pousse; alors on file lui demander un de ses pains a la viande, coriandre et poivrons qu’il prepare religieusement et amoureusement, et partons pleins d’energie pour une journee ou, lorsque nous ne nous noierons pas dans le rush hour du metro pekinois, nous souffrirons beaucoup du soleil impitoyable et des distances. Autant dire que la transition -20/+30 degres n’a pas ameliore beaucoup mes boutons. Mais a present ils sont partis ! Remplaces par des coups de soleil.

Un couloir du metro de BJ, a une heure tranquille

C’est donc avec un rush hour que nous essayons de visiter la Cite Interdite. De toutes facons, le rush, c’est tout le temps. Sauf peut etre a quatre heures du matin.

La Cite Interdite, depuis la colline de Charbon, formee de la terre des douves

Cette photo est moche. Mais moi, j'etais la. Derriere, TianAnmen. Cool non ?

Oh non il n'est pas content que je le prenne

Juste pour le style !

Et la bonne vieille panoramique prise de notre petit coin pose .

Et effectivement, je n’ai pas vraiment reussi a faire un choix parmi toutes ces photos ! Comme la Tour Eiffel, la Cite Interdite ne se raconte pas facilement, chacun y ressent ce qu’il veut; mais l’avoir vue ! Cependant, on n’a pas visite que cela…

De jolies fleurs, dans ce temple; le calme...

Le temple lamaique; si agreable que je me suis presque contente d’y passer mon temps sur un banc, a ecouter le pas-grand-chose alentour -c’est rare a Pekin d’avoir du silence, principalement a cause des klaxons- et a apprecier l’atmosphere du temple, proche de la fermeture a l’heure de notre visite, donc quasi desert.

Le temple du Ciel ! Au centre de son immense parc.

Le lac encore embrume du Palais d'Ete

Et une autre vue, que j'aimais bien

Eh oui ! Ils sont la aussi !

Le Palais d’Ete; caprice de l’imperatrice Cixi, la mere du dernier empereur. La encore, dommage que je ne puisse pas changer les photos deja mises en ligne ! Ce sera pour la prochaine fois. Le Palais d’Ete, tres calme, dans la brume, me plait enormement. Son parc extraordinaire, artificiel bien evidemment -comme tous les lacs et toutes les collines de Pekin- permet a des groupes de personnes agees de bien se cacher pour organiser leurs chorales, de former des trios de jazz dans les fourres, de jouer aux cartes loin des regards. On les a trouves.

Quant a la brume… Difficile de savoir si elle est due au lac ou au smog, la fumee residuelle de la capitale, nuage de pollution bas qui rend l’horizon gris-brun. Il aura fallu venir a Pekin pour voir ce que donne une atmosphere sans controle des echappements polluants. Les jours normaux, on ne voit guere plus loin qu’a quelques centaines de metres, le reste se perd dans la lourde grisaille. Les mauvais… Cinquante metres de visibilite, pas plus. Heureusement, pour les grandes occasions, le gouvernement s’autorise la fermeture de toutes les centrales a charbon, l’interdiction de circuler dans la ville et va jusqu’a faire exploser des bombes chimiques dans l’atmosphere pour forcer une grosse averse, clouant les particules au sol. C’est ainsi que l’on obtient un grand ciel bleu quelques jours avant la venue du comite d’examen olympique.

Bref, on ressent parfois le besoin de se mettre au vert… Direction la Grande Muraille !

La maison a cour carree, ou siheyuan, ou nous atterrissons

Et un bon petit repas avant de se coucher... Tot !

Et nous y voila...

Un veritable reve

La Grande Muraille, c’est plus simple a decrire. C’est ce que je pense avoir  »visite » de mieux depuis le debut du voyage. Une excursion montee avec l’aide de Luqian, une chinoise colocataire d’Adrian (Gonzalez, suivez) nous fait dormir chez un couple de petits vieux a la campagne… Et nous permet ainsi de visiter la Muraille sur une partie peu empruntee, du moins a cette heure la. Un pur bonheur, presque six heures de viste, du petit matin a l’apres midi, ne croisant que deux ou trois personnes, presque egarees.

Le tout se termine en plus par une belle tyrolienne au-dessus d’un petit lac ou un chinois peu fair-play peche en electrocutant les poissons a la perche. Et nous, on prend -bon, surtout moi avec ma peau de peche delicate- des coups de soleil monstres. Ca nous apprendra a faire la sieste sur le Mur !

C'est au-dessus de ce lac, en fin de muraille, que passe la tyrolienne

De retour a Pekin, on n’a pas le temps d’apprecier les pubs qui passent sur les murs du metro que nous repartons… Note: en manque d’espaces publicitaires, les chinois ont trouve une technique pas mal: en calculant la vitesse du metro et tapissant les murs de diodes luminescentes, on peu jouer avec la persistance retinienne pour passer des pubs sur les murs, dans les couloirs ou passe le train. Fute, n’est ce pas… :)

La ! Dans la vitre ! ... Les pubs sont dehors !

Bref, nous repartons; cette fois vers le nord-est, a Chengde, second Palais d’Ete, plus ancien celui-la. Outre ce palais, qui n’a que peu d’interet, couvre au moins trois fois la superficie de celui de Pekin, et ressemble vraiment a un parc de jeux pour empereur ramene en enfance, on peut y visiter la vieille ville et moult temples qui datent d’une de ces epoques -il y en a eu beaucoup- ou les empereurs cherchaient a s’acoquiner les maitres bouddhistes, dalai et panchen lamas en tete.

Mais avant tout, un petit somme dans le train non couchettes qui arrive a quatre heures du mat’. Affreux, mais il fallait essayer une fois…

Train en chine, normal

Normal, bis :)

Heureusement, au petit matin, la ville se decouvre, belle et petite. Vous n’imaginez poas ce que ca fait du bien, une ville a taille humaine, dans la Chine au triple galop de l’expansion ! Enfin, ca ne nous empeche pas de nous les geler severement. Le temps restera couvert toute la journee, et avec nos shorts et petits t-shirsts de BJ (je parle pour moi au moins :) ) on a tout le temps de ne plus sentir ses membres.

C'est beau mais qu'est ce qu'on se les gele

On contourne l'enceinte du Palais d'Ete. C'est long !

Les pecheurs sont deja a pied d'oeuvre a l'heure du tai'chi

Au grand Potala de Chengde

Connaissez les cadenas au Pont des Arts ? Ici pareil. Mais les chinois sont nombreux.

Juste que j'etais content de ma photo :) Le type peignait son mur.

A gauche, le grand Potala de Lhassa. A droite, celui de Chengde.

Ca se voit qu'on en peut vraiment plus apres les 10 premieres marches ou pas ?

Whaouh, quelle session photos ! Oui, cette ville m’a vraiment plu. Allez, on destresse, je repaie une troisieme heure de cyber… Apres que mon PC ait violemment coupe, comme d’habitude. Methode chinoise de controle du parc PC du cyber, j’ai pas encore trouve la formule chinoise pour « j’en fais-jusqu’a-ce-que-j’aie-fini ». Mais va bien falloir que je rentre a un moment tout de meme ! Ces articles sont quand meme super, super longs a ecrire. Bon, je me presse, demain il va falloir se lever tot !

Heureusement, j’ai achete a Pekin de quoi survivre sur les routes de Chine, et renvoye le reste (un reveil avec Mao dessus, des cartes postales avec Mao, et plein d’autres trucs avec ou sans Mao), jete sinon les choses vraiment trop moches et inutiles -la doudoune que je me traine depuis mes 12 ans par exemple, aura fini sa vie la bas !

La mighty pompe n*1

L'avaleuse de chemins en chef

Mes grosses godasses etant actuellement en transit par bateau vers le pays du camembert et du pinard, il a fallu trouver les remplacants: de belles Paul Smith, veritablement fausses, et des tongues basiques, disons les plus solides que j’aie pu trouver. Enfin, j’aurais quand meme pu prendre des pompes bimarques (genre Fila/Mephisto, ca se fait ici, c’est la classe !) ou de cette marque chinoise au logo Nike inverse et au slogan facile: Anything is possible…

Pour les derniers mots, je m’excuse seulement de mon manque de precision sur beaucoup de choses, mais c’est par manque de temps; et je suis sur que vous me poserez plein de question ensuite ! Enfin, j’explique le titre: « Yo, negga ! » est une interjection hyper commune en chinois, qui signifie en gros « Ouais, c’est ca ! » . Un peu comme le « Za ! » mongol. Allez, on a de la route demain… On est presque arrives a Xi’an. Hou, Xiexie pour votre lecture et pour m’excuser mes blagues nulles et sous titres nazes !