Parlez-moi de la pluie, et non pas du beau temps
July 26, 2009 - Victor
Je reviens juste d'une grande balade... La tête encore trempée d'un orage qui, comme souvent, a éclaté sans prévenir. Plus précisément, à la longue, on sait qu'ils préviennent: à la façon d'une menace suspendue, accrochée aux nuages. Toujours nombreux et bas, toujours présents, ils vous rappellent que le ciel peut changer d'un instant à l'autre. Ca ne me gêne pas: pourvu que je sois à peu près seul sous le ciel, et rien d'important dans mes poches, j'aime autant être sous la pluie que m'en cacher ! Mais, comme disait une personne d'ATR dont j'ai oublié, comme d'habitude, le nom, "as soon as there's a bit of sun, DRY your things". Lorsque je rentre enfin, après avoir changé trois fois de décor -zone industrielle, résidentielle, nature- et perdu autant de fois mon chemin, Jon a retiré vaillament mon linge du balcon.
Enfin au calme, après avoir soigné ma tête qui avait si besoin de s'aérer ce matin, je peux enfin m'y remettre ! Et je me déteste, aucune note prise en presque deux semaines. Faisons confiance à ma caboche pour découvrir un peu par tranches les semaines passées. Et aux photos !
Allez, j'en choisis une, on va voir ce que ça m'inspire.. Une fois la première phrase passée, ça partira comme on déroule un rouleau de PQ du haut d'un escalier.
Première phot qui me tombe sous la main. Il s'agit d'une des tours de Nara, que l'on voit de loin depuis le chemin qui monte de la gare vers la zone des temples. Encore une fois, notre ligne de train préférée, non contente de nous amener au poumon d'Osaka, nous dépose à deux pas des temples, dans le quartier commerçant de Nara. Nara, que l'on imagine comme un sanctuaire rempli de temples dans notre imaginaire français, une petite bourgade à l'ancienne, en quelque sorte, n'a en fait que peu de choses en commun avec ce tableau. Elle est plutôt ville à touristes, on rencontrera d'ailleurs ici plus d'étrangers que n'importe où ailleurs. Et quant à la taille, Nara n'a rien à envier à une ville de taille moyenne comme ... Toulouse, par exemple. Avec un urbanisme averti en moins, mais ça, comme dans beaucoup de villes malheureusement.
Nous suivons les files de touristes jusqu'aux premiers temples, qui se voient facilement sur la carte, regroupés comme ils le sont dans une grande zone en vert qui remplit tout l'ouest de la ville. Et ne tardons pas à croiser les premiers temples, les premières biches en liberté aussi qui représentent ici, la pureté. Et se retrouvent aussi au centre de l'appareil touristique de la ville ! Bon, on pose tout de même avec, parce que ils ont rien demandé, ces petits animaux-là.
Et des temples, c'est vrai qu'il y en a, ils sont même beaux, comme vous allez le voir bientôt. Mais le calme, le zen, enfin toute l'ambiance -vous savez, les gongs, tout ça- sont tout de même bien plus absents ici, avec les magasins de sucrerie ambulants qui jalonnent chaque sentier, que lorsqu'on se perd quelque part dans un bout de campagne pour y découvrir, au fond d'une ruelle oubliée de village, un superbe temple, environné de maisons, de vie discrète. En attendant, nous sommes venus à Nara pour visiter, en tant que parfaits touristes; donc on laisse tomber ce genre de considérations, on renfonce son bob, on réhausse les lunettes de soleil et partons fièrement, appareil photo en bandoulière, en visite. Parfaitement.
Un joli petit gong !
Un des premiers petits temples que nous croisons. Joli - kirei desu, neee ?
Voilà pour les premmiers temples, avant que nous tombions sur les grands. Pourquoi une cassure ? Eh bien, pour l'anecdote, voyons ! En s'approchant du grand temple, nous voilà abordés par de jeunes étudiantes du lycée d'à côté. Elles nous demandent -question standard- d'où nous venons, etc etc. Le but final étant de nous donner des baguettes, de discuter un peu et prendre une photo avec nous. Leur professeur avait proposé à sa classe de venir dans la zone touristique de Nara pour que ses élèves pratiquent directement l'anglais sur le terrain - avec les photos comme patte blanche. Bonne idée, à mon avis ! Cela s'est passé devant ce temple :
... considéré comme une des plus hautes pagodes du Japon. Et effectivement... elle est assez impressionnante ! A se demander combien de fois elle a été reconstruite, celle-là. Ca dépend du nombre d'incendies et de tremblements de terre. Enfin, on ne va pas passer notre vie ici, un chemin part, on y voit encore plus de biches, il faut le suivre : et puis, le Todai-Ji, le plus grand temple de Nara et plus grande construction en bois du monde (ça fait deux fois, non ?!) est dans cette direction-là. Achira, achira.
En marchant dans les allées boisées, vers le fameux temple, soudainement une route nous coupe le chemin. Mais attention, une vraie route, pas une ruelle où lees voitures sont un petit peu autorisées. Une vraie sortie d'autoroute, avec des camions. Comme si on coupait les jardins de versailles en deux avec ce genre de trucs ! Quant aux biches, elles se débrouillent tant bien que mal pour traverser. Peut-être tient-on là les seules biches au monde tant habituées à la route qu'elles regardent de part et d'autre avant de traverser d'un bond ou deux. On traverse, passons devant ce bâtiment, qui n'est autre qu'un musée officiel de la ville de Nara. Je ne sais pas si l'architecture vous rappelle quelque chose ?
Et on s'approche...
Et on s'approche...
Et on s'approche ...
Oups ! Un peu trop près, dézoomons un peu maintenant !
C'est déjà mieux. Il s'agit d'un des nombreux gardiens (en bois ;) ) du temple. Bon, ça doit être l'entrée là, non ? En fait on a déjà passé une enceinte assez grande, avons marché là :
Bon, OK, la photo est un peu fake, c'est peut-être une carte postale de l'entrée, mais sérieusement, difficile en contre jour et avec des milliers de personnes, de prendre une vue aussi jolie. Donc on la garde. Nous sommes donc dans l'entrée du temple, et pouvons y admirer le bouddha géant qui y trône. Et pour être géant, il est géant; bien vingt mètres de haut, au jugé. Sous le toit. Regardant avec bienveillance les milliers de flashs qui lui rendent hommage, chaque heure, depuis que l'appareil photo existe.
On en fait un peu le tour, découvrant différentes petites choses ailleurs dans ce temple. Pas si petites finalement, il y a bien quelques copains pour le grand Bouddha, quelques princes de bois notamment, qui sont eux aussi relativement imposants. Et ont l'air de perdre plus souvent leur calme aussi.
Et sur la fin du tour du bouddha, attention ! rotation dans le sens horaire seulement, les boutiques sont à la sortie - on peut aussi laisser des messages sur des petits bouts de bois. J'en ai pris quelques-uns en photo, parce que des fois, les gens... :p
Et voici les deux dernières images que nous avons du temple, en sortant. La première, c'est uniquement la petite collection de sandales de bonze qui sont déposées là, attendant que leurs propriétaires finissent leur pur travail et retournent en effectuer d'encore plus purs. La seconde me fait penser à cette envelope d'insecte, énorme, qui traîne partout par terre du côté de chez nous... Enveloppe de larve de cigale. Ces bestioles vivent, pour certaines espèces, jusqu'à dix-sept ans sous la terre, et sortent, vivent un mois et demi, le temps de se reproduire, que de nouvelles larves s'enfoncent elles aussi sous terre. Vie trépidante, n'est-ce pas ?
Bref, on s'enfonce un peu dans le dédale des rues de Nara avant de rentrer à la gare, interdiction de reprendre le même chemin qu'à l'aller ! On tombe sur un joli petit jardin à la japonaise, qui essaie cette année sa nouvelle formule de gratuité pour les étrangers. On est d'accord pour participer au test de gratuité, alors... entrons !
C'est un joli petit jardin à la japonaise, avec des montées, des descentes, des arbres tortueux, de petits canaux et quelques petits bâtiments de ci-de là. On visite, on s'y repose, on regarde.
Puis direction le centre ville. On a vraiment envie d'un izakayya, enfin, de n'importe quoi qui ressemble à un endroit où se poser, se rafraîchir un peu. Les visites ici se font souvent en marchant beaucoup, sous un soleil écrasant. Le monsieur de l'office de tourisme finit par comprendre que non, nous ne retournerons pas dans la zone des temples à cette heure-ci, et que ce qu'il nous faut, c'est une bière, pas une visite de la plus grande collection de plats en bronze du Japon ! Il se plie en quatre... Appelle ses collègues, lesquels appellent à leur tour directement des bars au téléphone. C'est arrangé: nous allons à l'hôtel grand luxe juste derrière, qui ne savait que faire de sa grande terrasse au dernier étage et l'a transformée en petit bar d'horizon bien moins grand luxe, mais c'est exactement ce qu'il nous fallait à ce moment là.
Et, une fois que le service a accepté de nous servir (il est 17h28, mais attention, le bar ouvre ses ventes à 17h30...) nous pouvons jeter un coup d'oeil large sur Nara. Et voici la ville, du moins sous son meilleur angle; l'autre côté n'est qu'une mer de béton qui se perd à l'horizon. Eh oui, Nara, c'est tout de même 300 000 habitants !
Sur ce, je vous laisse; ce soir Jon et moi avons décidé de passer la nuit à Kyoto, il s'agit de ne pas être en retard !
Victor