Kawaii [ かわいい ]
July 06, 2009 - Victor
Immense shopping mall au milieu de rien.
ATR a été fondé il y a 20 ans dans une zone censée devenir une "City of Science" du Kansai. D'immenses buildings (si, vraiment immenses) on jailli des forêts de bambous, la fibre optique a été enterrée sous les rizières, et le résultat, le voilà. En face, le Keihanna plaza, sorte d'immense bâtisse dont la sculpure frontale aurait pu etre utilisée pour lisser les flancs d'un paquebot, dotée d'immenses baies vitrées, d'un héliport, et que sais-je encore, a tout l'air d'un bâtiment hanté.
Cette zone aurait pu inspirer sans peine les concepteurs de Resident Evil (qui sont un peu japonais d'ailleurs, paraît-il) Ce jeu où quelques désespérés tentent de survivre dans une ville ou un quartier infesté de zombies, avec cette atmosphère de grands couloirs sombres, vides et un ciel menacant, voilà ce que donne l'impresison d'être la City Of Science. Le Shopping Mall et son parking de 20 000 voitures est désert quasiment en permanence, il y a bien plus d'employés que de clients. En face, une antenne de la National Diet Library (non, rien à voir avec la diététique, c'est là une des deux seules bibliothèques nationales - impériales, même - du Japon) avec des arbres dedans. Promis, j'y jetterai un coup d'oeuil un jour.
Entre les deux, quelques restaurants rapides ça et là, dont une étonnante boîte à sushis qui y circulent entre les tables sur des tapis roulants. Là, tout est automatique. On commande avec une petite machine, ou on attend tranquillement pour prendre ce qui passe,au hasard. Une petite balade dans le shopping mall, ça vaut le détour. On en a un aussi, bien plus vivant, du côté de notre appartement. On y trouve à peu près le même genre de choses (oui mais le nôtre, il a un cinéma 3D !) Il y a un nombre de boutiques incroyable dont la seule vocation est de vendre des objets bizarres, ou décalés, comme si dans un carrefour il y avait une bonne vingtaine de Claire's Accessories - qui auraient fusionné avec Toys'R'us.
Le rose, le flashy, le fuschia, le bruit, tout explose ici, jusqu'à ces vendeuses courtes vêtues -comme toutes les filles ici, puisque rien que le costume d'école consiste en une petite jupe et des chaussettes hautes relativement sexy- qui nous crient dans les oreilles avec leur mégaphone en papier et en forme de coeur. Le plus tape-à-l'oeuil, voilà ce qui plaît ! Chaque shopping center est d'ailleurs équipé d'une de ces salles d'arcade complètement délirantes où sur cent mètres carrés, petits comme grands vont se défouler en tuant des dinozaures, en gagnant des sous, en tapant sur de faux tambours, en prenant des photos modifiables, que sais-je encore.
Le pire, mais ce n'est pas dans les centres commerciaux, les endroits sont prévus pour ça - c'est le Pachinko. Dans ces salles assourdissantes du bruit des machines et de leurs musiques, des centaines de japonais passent leur après-midi à voir défiler des milliers de petites billes de métal à travers un parcours sur un écran (sisi, beaucoup on des caisses entières de ces billes à leurs pieds !) pendant que des serveurs leur amènent à manger, à fumer, à boire. Oui, on fume dans les salles d'arcade, comme dans les bars, restaurants et boîtes ici. Mais pas dehors. Ou alors on a son cendrier de poche, pour quelques 80 centimes ! Bref, le Pachinko, sorte de sport national après le base-ball dont les télés nous abreuvent à longueur de journée -difficile de faire plus inintéressant que la télé japonaise, mais j'en parlerai plus tard !- est quelque chose de vraiment unusuel pour des européens.
Mais on n'est plus dans le monde du Kawaii, là. Le Kawaii, c'est le mignon, c'est tout un concept dans ce Japon inventeur de personnages hauts en couleurs tels que les pokemon ou Hello Kitty. Jetez un coup d'oeuil à Wikipedia sur le Kawaii pour en voir plus. Mais ici, on le sent, partout. Policiers ou jeunes filles, tout le monde a son petit item "mignon" qui pend du portable, de la poche, ou dessiné quelque part. Nicolas Bouvier, dans ses Carnets sur le Japon, voue une haine féroce à cette adoration presque malsaine qu'ont les japonais pour l'enfance. Ils n'ont pas l'air malheureux, les pauvres bougres, pourtant ! Il faut les voir courir entre les bornes d'arcade, apparaître sur absolument toutes les pubs, sauter un peu partout dans les rues pour se dire que non, définitivement, ceux là n'auront pas une enfance malheureuse !
Et ils ont tout intérêt à en profiter, car une fois au collège, ici, on ne rigole plus. On ne se lève malheureusement pas assez tot pour voir les étudiants en semaine, mais il nous est arivés de revenir d'Osaka aux alentours de 5h du matin. Eh bien il faut les voir, ces bandes de jeunes lycéens en costume impeccable de leur établissement, sac de sport à l'épaule, partir à leur entraînement du dimanche. Avec un peu de chance on les recroisera aux alentours de 22h, revenant de leur cours de musique.