Notre dernier week-end commence un Jeudi. Nous sortons de notre journée de cours, où nous avons finalement fait faire à tout le monde notre belle évaluation Word, sans pour autant la noter - puisque un jour de moins nous force à l'avancer sans pour autant que tous les élèves aient eu le temps de finir tous les exercices. Tant mieux, finalement, pour nous et pour eux. Nous rejoignons tout d'abord Julien chez Aldiana, le bar-restaurant que tient sa famille. Après un peu de discussion, nous partons pour l'Embuscade, un bar où nous attend Régis, le gérant de ce dernier bar. Nous nous éclipsons au bout de quelques minutes pour faire quelques courses, avec Julien et Léonor. Nous devons finalement aller jusqu'à Sor en taxi pour trouver ce que nous cherchons. Au moment d'entrer dans le magasin, coupure générale d'électricité sur toute la ville... Nous achetons au comptoir à la lueur d'une bougie, puis rentrons au bar où les tables se sont, depuis, déplacées à l'extérieur.
Pour ne rien arranger, c'est maintenant la pluie qui pointe le bout de son nez. Et pas une petite averse comme on peut en avoir chez nous, non : des trombes d'eau qui nous trempent jusqu'aux os et nous oblige à rentrer aussi sec. Heureusement que les choses sont bien faites, car l'électricité vient tout juste de revenir. Nous partons finalement en camion pour le Papayer, un club où Alexis doit ce soir-là rejoindre une amie. Nous passons cependant un peu de temps dans le camion pour s'occuper un peu avant d'entrer. Puis la soirée se poursuit à l'intérieur. Rien de plus à ajouter, si ce n'est quelques photos...
Houllà là... Le monsieur dans le siège avant, c'est Julien.
Là, ça fait vraiment photo de skyblog. Mais bon, on ne censure rien ici !
Le lendemain, nous nous réveillons pour partir à Gandiole, un endroit de la langue de Barbarie qui jouit d'un camp de détente et qui de plus est extrêmement beau. Nous monnayons deux taxis pour nous y emmener ce qui nous coûte 8000 CFA l'aller retour pour quatre personnes. L'équivalent de dix ou douze euros. Une fois sur place, nous attendons devant le fleuve que la pirogue du camp-restaurant de l'île nous amène gratuitement jusqu'à ce dernier. En attendant, nous prenons patience...
Une fois là-bas, il est vrai que l'endroit est plutôt paradisiaque. D'un côté, l'océan, de l'autre le fleuve. Paysage devenu habituel à Saint-Louis. Sauf qu'ici, contre le prix d'un repas, d'ailleurs délicieux et servi sous la tente mauritanienne fraîche et agréable, nous pouvons profiter de tous les lieux de détente du camp, canapés, matelas, transat', et tous les accessoires nécessaires pour passer le temps : jeux, planche de surf... Nous y côtoyons un groupe de touristes espagnols qui profite du lieu et qui j'imagine, doit y rester la plupart du temps à siffler des bières et dorer à la plage. Quant à nous, un peu cassés par la soirée précédente, nous nous larvons sur les matelas présents après la petite baignade de rigueur. Ici nichent de superbes oiseaux verts et jaunes qui passent à grande vitesse non loin de notre table.
En quittant le lieu, nous croisons un nouveau groupe, cette fois des français, arborant fièrement lunettes de marques et habits de surf, qui nous disent, l'air désolé : "Ah, vous partez déjà... Pas de chance..." Nous en rions bien puisqu'évidemment, nous ne sommes pas exactement venus à Saint Louis pour passer notre temps à fainéanter dans un paradis tout confort. Ce soir, si je me souviens bien nous sommes vendredi, et c'est en théorie la fête dans la ville. On nous a dit bien des choses concernant cette fête. rafles policières, doublement de la population de la ville, vols, viols, violences... Nous avons dû tomber cependant une mauvaise année puisque nous ne remarquons vraiment rien de spécial. Evidemment la plupart des bars ont prévu un concert, mais à part cela rien de bien folichon.
Anaïs faits sa star à Gandiole
Ah, si : au moment du repas, le voisin, Lamp, dealer notoire et schizophrène assumé, est dehors et crie des choses incohérentes à qui veut l'entendre. Avant de courir après sa sandale. Il a eu sa dose... Titi me parle d'une connaissance, venue au Sénégal pour quelques jours chez Lamp, sur le conseil d'une amie qui connaissait un peu le lieu. Maraboutisme ou pas, ils furent mariés en onze jours, bien que quelques mois après la pauvre femme se confie, une fois divorcée : "je ne sais absolument pas pourquoi j'ai fait ça". Il paraît que bien des affaires se résolvent ainsi au Sénégal, surtout en Casamance, au Sud. De là à démêler le vrai du faux... Toujours est-il que la dame en question était enseignante, tout à fait équilibrée et ne faisait que passer en vacances. Il est un peu gros de la voir se marier, à un drogué déjà marié, en onze jours... D'ailleurs, la plupart des maisons et voitures du pays sont fortement équipés de gri-gris destinés à protéger de ces "envoûtements". Mais passons !
Après le beuglements de ce charmant voisin, nous partons pour la piscine, fermement décidés à se faire un petit plongeon avant de continuer notre soirée. C'est un demi-échec puisque ce soir la piscine est quasiment vide. Personne à l'intérieur ou presque. La vraie soirée, c'est pour le lendemain... Je décide vite de repartir pour la Taverne, un bar-concert qui propose en général une programmation agréable avec des groupes locaux mais variés. Ce jour-là, l'endroit est plein à craquer. Quasiment que des blancs, d'ailleurs, que ce petit plaisir de concert en demi-extérieur séduit beaucoup. Je m'éclipse cependant assez vite, car les places ici sont chères et l'on commence à s'endormir d'inactivité. Je vais directement chez Aldiana, espérant y retrouver Julien.
Bingo, il est ici, réquisitionné pour faire le service pour le repas-concert de ce soir. Pas de chance pour eux par contre, quasiment personne n'occupe les tables. Le groupe prévu à l'origine, annoncé à grand fracas dans toute la ville, n'a d'ailleurs pas pu venir : pas d'argent pour le carburant. Evidemment, ils n'auraient pas pu prévenir à l'avance pour recevoir cet argent et venir... J'y reste suffisamment longtemps pour que les autres débarquent depuis la Taverne. Julien peut finalement se libérer... et la plupart rentrent. Il est, en fait, déjà bien tard; je reste cependant encore un peu, il paraît qu'une fête est donnée au Tennis Club, au Nord, et je n'ai encore jamais visité l'endroit. De fait, l'entrée y est payante. Je préfère contourner le problème et passer... par le muret de derrière. Enfin, vu l'intérêt à l'intérieur, finalement le plus drôle aura été de passer par là. Puis finalement, je rentre, car à mon avis il n'y a plus rien à tirer de la ville à cette heure-ci !
D'autant que le lendemain, il faut se lever relativement tôt : nous avons rendez vous au matin avec Moussa, un chauffeur local émérite, pour partir visiter le lac de Guier. Ce Moussa, qui conduit en manteau d'apparat, cigarette à la bouche ou entre ses doigts qui prolongent des mains brûlées par le soleil sous le pare-brise, a pour habitude de cracher intempestivement par la fenêtre, ou en ouvrant la portière en marche. Dans Saint-Louis, il connaît tout ce qui tient un volant; dans la brousse, il s'y retrouve suffisamment pour éviter de nous perdre tout à fait dans les centaines de pistes non balisées qui partent dans toutes les directions. A travers le pays, couvert de sable à peine en fleurs de la saison des pluies, nous croisons de nombreux villages où les gens vivent de leur âne et charrue rudimentaires, ainsi que de quelques chèvres que l'on fait bouillir sur la place du village pour un grand repas de groupe.
Le marché du village
Nous croisons des vautours, lorsque les charognes sont encore fraîches, et arrivons à un marché de village où l'on peut acheter manioc, bissap et petits beignets frits pour 50 CFA, l'équivalent de 7 centimes d'euro. Nous y croisons d'ailleurs une famille de touristes totalement désorientés, cherchant à manger dans un endroit "convenable". Nous rions bien, tout comme la foule, du ridicule petit chihuahua embijouté de perles et divers colliers qui accompagne le groupe. Nous les aidons tout de même à dégoter un tangana, i.e. un petit restaurant local. Moussa déjeune dans un petit restaurant plus que sponsorisé par Maggi. La société est une star locale avec ses tablettes à bas prix qui donnent le goût de poisson et de viande pour les spécialités locales : ils ont en effet fait des cubes de préparation tchep u dyen et tchep u yapp ! Il mange un maffé (viande à la pâte de cacahuète) pour quelques 600 CFA, soit moins d'un euro.
Moussa, le chauffeur...
Un gros vautour !
Nous finissons par arriver au lac de Guier. L'endroit est finalement d'un piètre intérêt, du moins à l'endroit où nous dépose Moussa. Les rives sont sales et l'on ne voit que très mal le lac à travers la végétation qui le borde. De plus, le lac sert de réservoir d'eau potable pour une bonne partie du pays et est par conséquent environné d'usines de retraitement et de grands tuyaux de pompage. Nous y prenons notre pique-nique et sommes vite entourés par des enfants du village d'à côté, qui nous observent en silence, à moins d'un mètre, préparer et manger nos sandwichs. Nous leur en offrons les restes : une boîte de pinton, un pâté de sardinelles représentant le thon et qui rappelle le corned beef mais avec du poisson, et une fin de mayonnaise; ils dévorent les deux à même la boîte, en se léchant les doigts. Puis nous essayons tout de même de prendre quelques photos de l'endroit. Nous y croisons un varan, un âne mort et quelques libellules seulement.
Notre pique-nique, avec les enfants qui nous regardent comme des aliens au second plan
Charmante compagnie...
Moussa se disait malade et fatigué. Je ne sais pas si c'est pour cela, ou parce que -d'après ses dires- la route de Richard-Toll était mouillée par les dernières pluies et donc impraticable, toujours est-il qu'il n'a pas daigné nous faire un tour du lac pour y dénicher une meilleure berge, ou nous faire prendre la route pour y trouver d'autres surprises. Nous avons donc fait le chemin inverse pour le retour, ce qui est un peu décevant. Au soir, nous faisons cette fois la "véritable" soirée à la piscine. Eskander, le patron du Flamingo, essaie de me faire passer derrière ses platines virtuelles. Manque de chance, aucune chanson ne me disait quoi que ce soit. M'balax, r'n'b, reggaeton, le tout mal agencé et sans informations, sans casque pour préécouter... Comment dire si le MP3 nommé chanson 3 au milieu de l'album mix gestar va bien passer, sans l'écouter, à la 18eme seconde avec la track 18 de compil rnb ? Bref. Je laisse assez vite tomber. Alexis saute sur deux charmantes jeunes filles qui viennent d'arriver, et nous partons tous en vadrouille car, mine de rien, nous n'avons pas grand chose à faire pour nous occuper dans cette piscine. Surtout que il y a des concerts partout en ville.
La piscine
Nous partons directement pour Aldiana, le restaurant de Julien, où se produit cette fois un vrai groupe de jazz-reggae-folk, Pape Dieng. Cette fois le petit restaurant est bondé et Julien ne peut pas se libérer, nous décidons -après un Ricard qu'ils servent comme un jus de fruits avant d'y mettre de l'eau- de partir discuter dans la ville. On se pose quelques heures durant dans une maison abandonnée en bordure du fleuve. Puis nous retournons chercher Julien, qui n'a pas eu le temps de nous rejoindre, et partons dans les rues en chantant tout le répertoire français et anglais dont on peut se souvenir, bras-dessus, bras-dessous. Une certaine Cathy -de Garches, 92, elle y tient- nous suit, et nous raconte sa vie... nous l'écoutons d'une oreille. On se couchera très tard ce soir-là ! Et Titi aura une riche idée pour le petit matin : apercevant un "faux lion" dans les rues environnant l'auberge, elle lui demande de venir à l'intérieur nous réveiller... Je dois dire que j'ai assez sursauté ! Cf. le faux lion, ci-dessous.
Le lendemain, nous ne fîmes rien, excepté un dernier aller au village artisanal où Anaïs et Léonor se sont illustrées en marchandage, pendant que je discutais encore et toujours avec les marchands -sauf que cette fois Julien nous accompagnait, ce qui rendait le moment d'autant plus agréable. Le lendemain nous arriva la chose qui devait être une des plus marquantes de notre séjour... Mais je vous laisse ici sur votre faim ! Pour finir ce billet qui devrait être mon dernier avant notre départ à Dakar, je dirais que Saint-Louis est une ville fantastique, que l'expérience que nous avons vécue ici en matière d'échange et de rencontres est plus que riche et que nous nous souviendrons longtemps de tous les personnages qui nous ont aidés, côtoyés et soutenus ici. A très bientôt, après notre séjour en brousse avec le Chef autour de Dakar, pour un épilogue que j'espère soigné et plein de belles choses.