Cette seconde séance de Tcheb’u Dyen, le riz au poisson, s’estompe peu à peu. Maintenant 1h30 que je tape sans discontinuer des billets de blog pour rattrapper mon retard.
Heureusement que l’arrivée de Léonor et de son gros serveur a permis la motivation de gens comme moi, qui gardaient leurs textes pour les très proches.
Les journées ici sont encore comme des boîtes à surprise, sauf lorsqu’il s’agit de travailler. Alors nous écrivons, tous, silencieusement !
Aux abords de l'école, c’est le jour de la remise des machines à coudre –souvenez-vous- aux femmes couturières du GIE d'à côté. Grande réception ! Les caisses contenant les précieux outils sont amenées religieusement, et nous prenons place à une grande table, dressées pour l'occasion. C'est impressionnant et touchant. Les couturières sont toutes là pour nous souhaiter la bienvenue et ont préparé un "banquet", avec de petits biscuits à manger et du manka cola, ainsi qu’un soda à l'ananas comme boisson. Le tout agrémenté de quelques fleurs et pétales en plastique, bref, ce qu'elles ont pu trouver pour notre « honneur » dans le coin. Nous accueillons avec de petits sourires et des applaudissements timides les discours de remerciements en wolof intégral qui nous sont adressés et auxquels, evidemment, nous ne comprenons strictement rien, sinon qu’ils viennent du cœur – à en croire les regards, approbations silencieuses et éclats divers de l’assistance.
Dans la petite salle en demi ruine, beaucoup de liesse et des machines à coudre antiques, à pédales... Les rebuts de chez Singer, invendables chez nous sont une bénédiction ici. Electriques, te rends-tu compte !
Ouverture des cartons : on met en route les machines, avec quelque peu d’appréhension. Ce serait le comble si après ces remerciements, elle n’avaient pas fonctionné. Mais l’emballage a tenu, semble-t-il. Même via l'aéroport de Dakar, si mauvais pour les bagages.
Une séance photos montée de toutes pièces est organisée, on peut admirer les sourires Colgate® de chaque personne saisissant une machine. Ce sera pour Singer.
J'ai envie de sortir, ces remerciements m’ont très nettement donné envie d’une de ces petites cigarettes à 45 centimes le paquet qu'ils vendent par ici. Marlboro sénégalaises, mais pas mauvaises.
Malheureusement, comme à l’accoutumée quand ils veulent signaler de rester, au moment de serrer la dernière main, ils la garderont bien serrée pour t'empêcher de partir, pendant que d'autres mettent la musique.
Ah oui, le bouquet final ! Les couturières se lèvent d'un coup et entament la danse locale –le m’balar, vous vous rappelez ?- et nous entraînent dans la danse !
Soirée à l’Iguane, suivi pour certains d’un concert de Abdou Kité (oui, le retour du m'balar).
Au lendemain, on retourne dans ce fast-food dont la gérante, sur talons aiguilles, possède une poitrine à en oublier de regarder ses beaux yeux... Première manaïche : pizza sénégalaise mais sans sauce, tartinée de piment ultra fort, et un hamburger. Du moins ce que l’on appelle hamburger ici.
On s'essaie à "la rue de la mort" pleine à craquer de vendeurs qui vous alpaguent bien serré afin de nous faire acheter leurs babioles. Je ne prends qu’un pantalon local, durement négocié à 3€.
Petite visite à la plage... Bien des curiosités y traînent, juste à côté des gamins du quartier qui s’y ébrouent. Personnellement je n'ai vu qu'une chèvre morte et une tortue, enfin son squelette, mais d'autres y ont carrément croisé l'autre jour un dauphin dépecé dans lequel jouaient des gosses....
Le but était de rendre visite à Dior, une amie de la famille qui tient l'Hôtel du même nom, tout au bout de la plage, en passant notamment par la fabrique de poisson plus qu'artisanale (cf. le cauchemar de Darwin) et le cimetière musulman. C’était une première visite, mais j'y suis retourné hier voir Bijou, sa fille, avec Ugo. On se fait offrir l'apéro - une petite Flag, autre bière locale, un jus de tamarin et de la coco directement de l'arbre - avant de passer à table : Tcheb u yab apparemment, cette fois avec des sacrés morceaux d'agneau, car c’est un hôtel de luxe. Au retour à l’école, avec l’envie d’écrire, nous coinçons accidentellement une mauvaise clé dans la serrure de l’école et devons repartir sur notre faim, en attendant que la porte soit défoncée pour le lendemain.
Sur le chemin, on a cherché des sardines et du pain chez la voisine, qui fait aussi revente de pain sans enseigne, pour un ami malade. Pour son malheur, c’était le début d’une grève générale des boulanger, mais Titi l'avait su dans la nuit et avait envoyé le gardien en chercher à 3h du matin.
De même pour le gaz, depuis une semaine apparemment.
Le but ? Provoquer une pénurie pendant quelques jours, afin de faire monter légèrement les prix. Le bouche à oreilles, ici, et l’entente simultanée de tous les boulangers comme exemple, m’impressionne de plus en plus.
Chez Dior se tenait une petite réunion des amis de Bijou, dont un Sobel qui à 18 ans rêvait déjà de devenir président, et donnait la réplique à Arona, le chauffeur, qui à 35 ans et une thèse se sociologie à la Sorbonne en poche, avait déjà rédigé 5 livres de politique pour changer les choses en Afrique ou au Sénégal. On en a appris de belles avec ce président d'un des 140 partis politiques officiels du Sénégal. Qu'il y avait 40 ministères par exemple, dont un ministère des Lacs - enfin du lac plutôt, puisque au Sénégal, à part un lac naturel et quelques artificiels, la chose est rare - ou un ministère à la fois de "l'artisanat et le transport aérien" !
Cela faisait bizarre de passer d'un monde vivant au jour le jour, sous le signe du « inch’allah » à ce paradis en miniature qu'est l’Hôtel, servant ses rafraîchissements gratuits en permanence, doté d’une salle informatique suréquipée, et de bungalows tout confort : minibar, et… Canal+.
Nous rentrons en taxi clandestin, à 6 dans une Renault 19 plus que fatiguée, roulant à l’essence de bateau car détaxée, ce qui nous coûte l’équivalent de 20 centimes d’euro.
On croise un pélican agressif de 1,5 m de haut, qui se balade tranquillement dans le quartier des pécheurs et donne des gros coups de bec à ceux qui l'approchent.
Visite au village artisanal, où les vendeurs, un peu plus tolérants, pratiquent des prix très bas après négociation pour leurs objets faits sur place. De quoi rentrer avec une vraie boutique d’antiquaire et offrir tout cela !
Allez, ce matin, c'était le premier cours et les jeunes sont plutôt efficaces. Heureusement ils parlent français, puis je m'occupe des forts, ce qui ménage ma patience.
En effet, ici « forts » signifie qu'ils savent cliquer et appuyer sur le clavier.
On a eu du pain -enfin un peu -ce matin, après des négociations nocturnes difficiles, encore une fois heureusement que Titi a le bras long !