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Victor

Bien arrivé, oui...

July 25, 2008 - Victor

6h30 du matin. Heure locale.
A peine arrivés qu’il faut compter sur l’aide d’inconnus, que l’on ne devait d’ailleurs plus recroiser par la suite, afin d’acheminer –et en 4x4- les quelques 50 kgs de machines à coudre agrémentés de nos propres bagages, jusqu’à la maison d’hôtes. Une chance que Jules ait eu la présence d’esprit –et la volonté, à cette heure si tardive- de venir nous attendre dans les rues inconnues de Saint-Louis. Accueil chez Titi, chaleureux bien que très matinal.



Heureuse idée que d’avoir retenu cet endroit comme notre lieu de résidence. Effectivement, Titi a l’avantage, en tant que Belge implantée solidement dans le milieu depuis un certain nombre d’années, d’avoir en particulier pour amis personnels nos encadrants principaux ici : Oumar (Thioye), le directeur de l’école, et Arona (Ndiaye), président du comité de gestion de cette même école, siégeant à la mairie et délégué de quartier. En clair, Arona, responsable du groupe d’Août, fait la pluie et le beau temps à Guet N’Dar, le quartier des pêcheurs où nous travaillons depuis aujourd’hui une bonne dizaine de jours. Ce qui a le double avantage d’assurer notre sécurité et notre tranquillité d’esprit dans ce quartier décrit comme hors-la-loi par le consul de France.
Guet N’Dar… Quartier magique pourtant, plein d’une vie qui déborde, qui emplit les rues, de ses piaillements, courses, jeux, travaux, odeurs… car ici les odeurs ont elle aussi la vie belle. 5ème concentration de population mondiale, où presque 70% des gens sont plus jeunes que nous, Guet N’Dar rassemble ses 25.000 habitants sur 90 Ha… Moins de un kilomètre carré. SANS étages. Une telle concentration, pour une même occupation : ce quartier de pêcheurs est puissamment solidaire. Pas de malfaiteurs ici, pas de voleurs ni, pour notre plus grand bonheur, de marchands. Guet N’Dar se suffit à lui-même et fait sa propre police, et nous y sommes acceptés d’office. Cela dit, il n’est pas difficile de se figurer que notre groupe de blancs soit particulier, étant donné que nous sommes les seuls à pénétrer le quartier à pied.
J’ai failli oublier Alexis, le fils de Titi. Un peu plus âgé que nous, il nous aide lui aussi à obtenir le meilleur de ce que la ville peut offrir, et surtout lorsqu’il s’agit d’obtenir les mêmes privilèges que les « bougnouls », i.e les noirs en Wolof, la langue locale.
Car notre plus grande particularité c’est notre peau ici, et les gens ne se gênent pas pour nous le rappeler. Les blancs, les « toubabs » ici, sont bien vite repérés, surtout en cette saison non touristique et donc de disette pour bien des gens.
Notre peau, c’est ce qui fait courir les gamins des rues à nos pantalons, criant à qui mieux mieux notre caractéristique « toubab ! toubabés ! », et les adultes derrière nos voitures, taxis ou autre. C’est ce qui nous transforme en papier tue-mouche ambulants, accrochants sur notre passage des nuées de marchands d’« artisanat local ».
Alexis nous apprend à nous faire respecter et nous allions vérifier au bout d’un certain nombre de jours que en très peu de temps, toute la ville sait qui tu es et pourquoi tu es là. Les marchands s’effilochent et les rapports tiennent de plus en plus à l’échange d’homme à homme que d’homme à portefeuille…



Les premières journées sont places sous le signe du farniente. Nous ne commençons lke travail que lundi, et il nous reste par conséquent 4 jours à occuper.
Je profite des derniers jours de Ugo pour m’initier à la nuit Saint-Louisienne et à la danse locale –le m’balar- que je devrais en maintes occasions voir et revoir à chaque coin de fête.
Premiers repas à un « fast-food », i.e. quelque chose qui propose des variantes locales de chawarma, hamburger et pizza, et qui ressemble peut-être un poil plus à notre cuisine européenne que les autres plats d’ici, que nous goûterions dès que nos estomacs respectifs auraient achevé leur transition en douceur.
Car ici, l’ennemi, c’est tout ce qui se situe en-dessous de l’oesophage. La cuisine, accompagnée d’une chaleur et d’une humidité peu conventionnelles pour nous, a eu raison de la plupart de nos prédécesseurs.
C’est d’ailleurs dès le deuxième jour qu’un des nôtres passe sa journée au petit coin, vaincu par des douleurs abdominales plutôt terribles, du moins si l’on en croyait l’intensité sonore de ces passages. Première sortie, caveau jazz, avant que les plus motivés –que je ne présenterai pas !- aillent s'encanailler à "l’Iguane Café", où l'on s'essaie à danser le zouk et autres danses, en sirotant sa Gazelle, la bière locale de 65 cl vendue au bar pour 1,3 €. La musique reste résolument « black attitude », entre hip hop et de rares passages de musique européenne douteuse (mon dieu, Madonna remixé par Magic System), le coupé-décalé et tous les styles qui s’en revendiquent sont ici rois. Les filles d'ailleurs sont plutôt coquettes ici quand il s'agit de sortir. Ce n’est pas peu dire, elles n’ont d’aillaurs pas vraiment de tabous vestimentaires. Peu crédible dans un pays à 95% musulman, ou du moins d’après les statistiques.
Au matin, visite chez le consul, homme un tantinet porcin, plutôt casanier et capable de dépenser une bonne partie son budget en réceptions fastueuses où tout le gratin des expat's colonialistes peuvent se tacher le costume à grands coups de champagne IMPORT et de petits fours.